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Infirmière de nuit : à quel salaire t’attendre ?

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Par Lénaïg Le Guen
Publié le 24 octobre 2025, 11h17

Temps de lecture: 5 min

Tu envisages un poste de nuit ? Ou tu y es déjà, et tu te demandes si la rémunération suit vraiment l’investissement ? Travailler de nuit, c’est un rythme à part. Moins d’encadrement médical direct, plus de responsabilités, une autonomie renforcée… mais aussi une vraie incidence sur ta rémunération. Alors, quel est le salaire d’une infirmière de nuit en 2025 ? Est-ce qu’on gagne plus que de jour ? Quelles primes s’ajoutent ? Et est-ce que le secteur public ou privé change la donne ?

On fait le point, chiffres à l’appui !


C’est quoi exactement un horaire de nuit ?

La définition officielle du travail de nuit est posée par le Code du travail et le décret n° 2002-9 du 4 janvier 2002 (modifié). En 2025, rien de nouveau côté loi, mais un petit rappel ne fait pas de mal :

  • Dans la fonction publique hospitalière, le travail de nuit est reconnu entre 21 h et 6 h.
  • Dans le privé, ça peut varier légèrement selon la convention collective, mais la plage de 21h-6h reste la référence pour les majorations de nuit.

💡 C’est pendant cette tranche horaire que s’appliquent les majorations salariales spécifiques.

Infirmière de nuit : une autre façon de soigner


Ceux qui ne travaillent pas de nuit imaginent parfois un service ralenti, presque endormi. Mais la réalité est différente.

Travailler la nuit, c’est exercer son rôle infirmier dans un autre cadre.

  • Pas de visite du médecin, pas de va-et-vient dans les couloirs, peu de sollicitations extérieures. Le rythme change, l’attention se déplace. On se concentre davantage sur l’observation clinique, la gestion des urgences et le confort du patient dans une temporalité plus posée.
  • Autonomie renforcée : souvent seule IDE sur l’unité, tu prends en charge les situations imprévues, tu évalues, tu décides, en lien avec un médecin d’astreinte, parfois uniquement disponible à distance. Tes compétences infirmières sont pleinement mobilisées.
  • Une relation différente : la nuit, les patients expriment d’autres besoins : douleurs, insomnies, solitude. Tu entres dans un soin plus silencieux, mais tout aussi présent. L’écoute, la présence comptent encore plus dans ces moments-là.
  • Et puis il y a l’équipe, les habitudes partagées, les petits rituels de fin de poste. Une forme de cohésion se crée, propre à ce rythme particulier. C’est un autre quotidien, ni meilleur, ni moins bon… juste différent.

Travailler de nuit : quels impacts sur le corps et la vie perso ?


🧠 Le travail de nuit perturbe le rythme circadien naturel. Il est associé à une fatigue chronique, une vigilance altérée et, à long terme, à un risque accru de troubles métaboliques (prise de poids, diabète, troubles cardiovasculaires).

🏡 Côté vie privée, les horaires décalés compliquent l’organisation familiale, la vie sociale, et augmentent parfois le sentiment d’isolement.


💡 Mais selon les profils, cela peut aussi représenter un avantage : certains trouvent plus d’équilibre en travaillant la nuit (temps pour les enfants le matin, moins de sollicitations en journée).

Repos et récupération : ce que disent les textes… et la réalité

Travailler la nuit, c’est aussi avoir des droits spécifiques pour récupérer.

📜 Les grands principes (Code du travail & FPH) :

  • ⏱️ 11 h de repos obligatoires entre deux postes ;
  • 📆 35 h consécutives de repos par semaine ;
  • 🔁 Un repos compensateur après X nuits travaillées (souvent 1 jour pour 4 à 6 nuits).

⚠️ Dans les faits :

  • ➡️ Certaines équipes bénéficient d’un jour OFF après chaque nuit (mais c’est rare).
  • ➡️ D’autres doivent enchaîner 3 à 5 nuits d’affilée avant un repos prolongé.
  • 🗂️ La gestion RH, les effectifs ou les accords internes peuvent tout changer.

💬 Conseil : pense à interroger le service RH de ton établissement pour être au clair avec le planning.

Infirmière de nuit : salaire, primes… ce que ça donne vraiment

Travailler la nuit, c’est un engagement particulier. Et heureusement, il y a (un peu) de reconnaissance financière derrière. Mais attention, tout dépend du secteur dans lequel tu exerces et de ta situation contractuelle.


Dans le public : une base claire, des primes fixes

Ton salaire de base dépend de ton échelon sur la grille indiciaire de la fonction publique hospitalière. Il progresse avec l’ancienneté et peut être consulté facilement.

📎 Ce à quoi s’ajoutent :

  • ✅ Prime Ségur : +183 € net/mois ;
  • ✅ Prime Veil : +90 € net/mois ;
  • 🌙 Majoration nuit : +25 % sur le taux horaire brut ;
  • 📅 Prime dimanche/jour férié : 60 € brut par poste de 8 h ;
  • 🎁 Prime de service annuelle (équivalent d’un 13ᵉ mois).

Ces primes sont automatiques une fois que tu remplis les critères. Elles figurent noir sur blanc sur ton bulletin de paie.


💬 Depuis janvier 2024, ces majorations et l’indemnité forfaitaire de nuit ont été renforcées par un arrêté publiés au Journal officiel. Une reconnaissance attendue, qui concrétise les engagements pris lors du Ségur de la santé.

Dans le privé : attention à bien lire ta convention

Tout dépend de ta convention collective : FEHAP (CCN 51), FHP, Croix-Rouge, etc. Les bases varient d’un établissement à l’autre.

Selon ta convention, tu peux percevoir :

  • ✅ Une prime Ségur, si ton établissement a signé l’avenant (ce n’est pas automatique) ;
  • 🌙 Une majoration de nuit, souvent entre 20 % et 25 % ;
  • 📅 Une prime dimanche ou JF, parfois forfaitaire, parfois calculée au taux horaire ;
  • 🎁 13ᵉ mois, parfois dès la première année, parfois après plusieurs années d’ancienneté ;
  • 📝 Primes spécifiques selon les responsabilités ou l’ancienneté.

Évolution du salaire avec l’ancienneté : public vs privé


Dans le public, ta rémunération suit la grille indiciaire de la fonction publique hospitalière. Elle évolue à chaque changement d’échelon (tous les 2 à 3 ans).

👉 Exemple : entre l’échelon 1 et l’échelon 7 le salaire augmente de 400 à 500 € net/mois, sans compter les primes.

Les primes de nuit, dimanche et jours fériés s’ajoutent au fur et à mesure, indépendamment de l’ancienneté.

Dans le privé, pas de grille unique. C’est ta convention collective (FHP, FEHAP, Croix-Rouge, etc.) qui fixe les montants.


➡️ L’ancienneté peut ouvrir droit à :

  • Des augmentations de base.
  • Des primes spécifiques (triennales, fidélité…)

Mais leur application est variable, parfois conditionnée par ton poste ou le type de contrat.


Travailler de nuit, est-ce (vraiment) plus avantageux ?

Les infirmiers de nuit gagnent-ils plus que ceux de jour ?

Oui, sur le papier, les primes et majorations permettent de gagner plus, surtout si tu enchaînes les nuits, week-ends et jours fériés.

Mais dans les faits, l’écart reste modéré :

  • En début de carrière, tu gagnes quelques centaines d’euros de plus qu’un poste de jour à grade égal.
  • Si tu es en fin de grille indiciaire ou avec une forte ancienneté dans le privé, la rémunération est plus liée à la politique RH de ton établissement.

À prendre en compte :

  • Le régime indemnitaire dans le public est stable et garanti.
  • Dans le privé, il peut y avoir des suppléments intéressants, mais soumis à conditions (astreinte, horaires spécifiques, poste en tension…).
  • La grille indiciaire reste un bon repère pour les IDE en hôpital public, mais n’existe pas dans le privé : tout dépend de la convention et des négociations RH.

Public ou privé : quel secteur paie mieux la nuit ?

Tu veux du concret ? Voilà quelques repères indicatifs pour 2025. Les montants varient selon l’échelon, les primes, et les conventions collectives.


👩‍⚕️ IDE débutante (échelon 1, grade 1)

Fonction publique hospitalière (public) :

  • 🔹 Traitement indiciaire brut : 1 994,50 € brut/mois ;
  • 🔹 Environ 1 550 € net/mois sans prime ;
  • 🔹 Avec prime Ségur (+183 €) et prime Veil (+90 €) : ~1 930 à 1 950 € net/mois ;
  • 🔹 Avec 8 à 10 nuits/mois : ~2 100 à 2 250 € net/mois.

Secteur privé (FHP / FEHAP/Croix-Rouge) :

  • 🔹 Salaire de base : ~1 850 à 1 950 € net/mois, selon la convention collective.
  • 🔹 Avec majoration nuit (20–25 %) : ~2 050 à 2 250 € net/mois.

🧑‍⚕️ IDE avec 10 ans d’ancienneté

Fonction publique hospitalière (échelon 6–7) :

  • 🔹 Traitement indiciaire brut : ~2 460 € brut/mois ;
  • 🔹 Environ 1940 € net/mois sans prime ;
  • 🔹 Avec primes fixes : ~2 300 à 2 400 € net/mois ;
  • 🔹 Avec travail de nuit régulier : ~2 500 à 2 700 € net/mois.

Secteur privé :

  • 🔹 Salaire de base : ~2 200 à 2 400 € net/mois.
  • 🔹 Avec majorations et primes d’ancienneté : ~2 500 à 2 800 € net/mois.

📌 Ces montants restent indicatifs. Ils dépendent du nombre de nuits travaillées, des week-ends, des jours fériés, mais aussi de la politique RH de l’établissement. Pense toujours à vérifier ta convention ou ton bulletin de paie pour connaître le détail de ta rémunération.
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Conclusion : le public offre plus de sécurité et de lisibilité sur la rémunération, le privé peut être attractif selon l’établissement, mais nécessite de bien éplucher les accords.


Repos et récupération après un poste de nuit : ce que prévoit la loi


Travailler la nuit donne droit à un temps de récupération adapté, même si ça dépend encore des établissements. En 2025, les règles de base sont :

  • ⏳ Repos minimum de 11 h entre deux postes de travail (obligatoire).
  • 🛌 Repos hebdomadaire de 35h consécutives.
  • 🔁 Repos compensateur souvent accordé après plusieurs nuits consécutives (1 jour après 4 à 6 nuits), mais ce point dépend de ton protocole local RH

💡 Vérifie auprès de ta cadre ou du service RH comment sont appliquées ces récupérations dans ton service. Certaines structures sont plus souples que d’autres 😉

Et les autres métiers infirmiers dans tout ça ?

💬 Que tu sois IDE, IADE, IBODE ou cadre de santé, la question de la rémunération de nuit se pose aussi. Mais attention, les règles ne sont pas toujours les mêmes.

  • 👉 IDE : ce sont les principales concernées par les postes de nuit, avec un impact direct sur leur rémunérations.
  • 👩‍⚕️ IBODE et IADE : souvent en horaires mixtes (blocs opératoires, anesthésie), leur travail de nuit est plus ponctuel, lié aux gardes ou astreintes. Leur rémunération inclut alors des indemnités spécifiques, parfois plus élevées.
  • 👔 Cadres de santé : en principe, ils n’effectuent pas de nuits. Mais certaines structures demandent une disponibilité en cas d’urgence (astreinte), avec une compensation à part. Leur statut et leur grille salariale relèvent d’un autre régime, sans majoration de nuit.

En résumé : les impacts du travail de nuit sont très nets pour les IDE. Pour les autres fonctions, c’est souvent plus variable, dépendant des missions et de l’organisation interne.


En bref : travailler de nuit, ça se mérite… et ça peut payer

Le travail de nuit n’est pas qu’un choix d’horaires : c’est un engagement pro, perso, physique et mental. Mais il peut aussi offrir plus de sens, plus d’autonomie… et un vrai coup de pouce sur la fiche de paie.

👉 Public ou privé, ce qui compte, c’est de connaître tes droits, tes primes, et les possibilités d’évolution.

💬 Et si tu te poses encore des questions, parle-en à ton cadre, ton service RH… ou à tes collègues de nuit : ils savent de quoi ils parlent 😉

Tu veux un rythme différent, une équipe soudée, un peu plus sur ta fiche de paie ? Le poste de nuit a peut-être tout pour te plaire. 🌙✨