Salaire d’un infirmier en pratique avancée (IPA)

Autonomie, responsabilités élargies, expertise clinique… Le métier d’infirmier en pratique avancée (IPA) attire de plus en plus d’infirmiers diplômés en quête de sens, de reconnaissance et de nouvelles perspectives professionnelles. Mais derrière ce rôle renforcé, qu’en est-il de la rémunération ? Combien gagne un IPA en hôpital, en centre de santé ? L’exercice libéral, est-il financièrement viable ? Dans cet article, on fait le point sur les salaires IPA, en fonction du statut, de l’ancienneté, et du secteur.

L’infirmière en pratique avancée : formation, missions, lieux d’exercice

L’infirmier en pratique avancée (IPA) est un professionnel de santé hautement qualifié, formé pour exercer des missions élargies, entre les soins infirmiers classiques et la médecine générale. Ce métier, créé en 2016 en France, repose sur une reconnaissance statutaire et un diplôme niveau master (bac+5).

Formation IPA

Pour devenir IPA, il faut :

• Être infirmier diplômé d’État (IDE) avec au moins 3 ans d’expérience ;

• Intégrer sur dossier un master mention « pratique avancée » en 2 ans (formation universitaire reconnue par l’État) ;

• Se spécialiser dans l’un des 5 domaines suivant :

- Pathologies chroniques stabilisées ;

- Oncologie/hématologie ;

- Maladies rénales chroniques, dialyse, transplantation ;

- Urgences ;

- Psychiatrie et santé mentale.

De nouvelles spécialités (santé des femmes, santé publique…) sont en cours d’expérimentation.

Missions et rôles de l’IPA

L’IPA assure :

• Le suivi de patients atteints de maladies chroniques ;

• La prescription d’examens, le renouvellement de traitements, certains actes techniques ;

• L’éducation thérapeutique, la prévention, la coordination des parcours de soins ;

• Une pratique autonome, mais en collaboration avec un médecin.

Lieux d’exercice

L’IPA peut exercer :

• En hôpital public ou privé ;

• Dans les établissements médico-sociaux (EHPAD, service de soins à domicile…) ;

• En centre de santé ou maison de santé pluridisciplinaire ;

• En CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé) ;

• En libéral, seul ou en collaboration.

Quelle est la grille de salaire d’une IPA dans le secteur public ?

Depuis le décret du 12 juillet 2018, les IPA sont intégrés dans un corps spécifique de catégorie A, avec deux grades : classe normale et classe supérieure.

Grille indiciaire IPA — Classe normale (mise à jour avril 2025)

Grille indiciaire IPA — Classe supérieure (mise à jour avril 2025)

👉 Le passage de la classe normale à la classe supérieure s’effectue après au moins 10 ans de service effectif en qualité d’IPA, sous conditions d’évaluation favorable et de postes vacants.

Quelles primes s’ajoutent au traitement de base des IPA ?

Les IPA perçoivent plusieurs primes, en fonction de leur statut et de leur affectation. Une seule est propre à leur corps de métier :

• ISPA (Indemnité spécifique de pratique avancée) : 183 €/mois ;

• Indemnité de sujétion : 13h/mois payées en supplément ;

• Indemnité de résidence : 0 %, 1 %, ou 3 % selon la zone ;

• Prime de service (en hospitalier) : jusqu’à 1 000 €/an ;

• Supplément familial de traitement : selon le nombre d’enfants.

👉 Un IPA dans la FPH peut atteindre 3 200 à 3 500 € net/mois, primes comprises, en fin de carrière.

Infirmier en pratique avancée en libéral : conditions et facturation

Conditions d’installation

Pour les infirmières en pratique avancée libérale (IPAL), les modalités de conventionnement, d’exercice et de rémunération sont proches de celles d’une IDEL.

Si tu choisis une activité exclusive en pratique avancée, tu es dispensé des règles de zonage (zones sur-dotées). Tu peux aussi opter pour un exercice mixte IPA/IDEL. Dans ce cas, tu dois respecter les règles classiques d’installation.

La facturation IPA libérale

Un IPA libéral peut assurer des soins infirmiers classiques, facturés selon la même nomenclature que les IDEL (NGAP). En complément, les actes spécifiques à la pratique avancée sont rémunérés via des forfaits dédiés :

• Forfait initial (PAI 6) : lors de la 1ère prise en charge annuelle ;

• Forfait de suivi (PAI 5) : chaque trimestre suivant le 1er trimestre de suivi ;

• Forfait bilan ponctuel (PAI 3) : 1 fois/an selon l’évolution de l’état de santé du patient ;

• Forfait séance de soins ponctuelle (PAI 1,6) : réalisation d’un ou de plusieurs actes techniques relevant du champ de compétences propre de l’IPA (max 4/an) ;

• MIP (majoration liée à l’âge) : 3,90 € pour les < 7 ans et > 80 ans ;

• IFI 1 : indemnité de déplacement.

La lettre-clé PAI est actuellement fixée à 10 € (10,5 € dans les DROM). Par exemple, le Forfait initial est facturé 60 € (6x10).

⚠️ Les majorations spécifiques (nuit, dimanche…) ne sont pas cumulables avec les forfaits IPA.

IPA en libéral : quel salaire espérer ?

L’exercice d’IPA en libéral reste en développement. Les premiers retours (notamment en CPTS ou MSP) donnent des estimations variables.

D’après un rapport ARCOLIB, un IPA souhaitant atteindre un niveau de revenu similaire aux IDEL actuels (qui perçoivent en moyenne ~43 418 € net/an) doit facturer environ 355 € brut/jour sur 253 jours ouvrés. Pour cela, il faudrait réaliser 429 forfaits IPA par an, soit presque 2 par jour ouvré, ce qui peut être ambitieux en début d’activité.

👉 Les IPA libéraux peuvent cumuler des honoraires, ou missions financées par les ARS.

Ce qui fait varier le salaire IPA

Plusieurs critères influencent les revenus :

• Échelon et grade (classe normale ou supérieure) ;

• Statut (hospitalier, privé, libéral) ;

• Type d’établissement ou territoire (CHU, EHPAD, MSP…) ;

• Domaine d’exercice (oncologie, psychiatrie, néphrologie…) ;

• Rôle et responsabilités : coordination, missions d’enseignement ou d’encadrement.

👉 La nouvelle loi infirmière intègre des avancées pour les IPA. Elle va notamment élargir leurs domaines d’intervention en autorisant les IPA à exercer dans de nouveaux secteurs : services de PMI (protection maternelle et infantile), santé scolaire, aide sociale à l’enfance (ASE) et établissements d’accueil du jeune enfant.

FAQ — Rémunération des IPA

Quel est le salaire net d’une IPA débutante dans la fonction publique ?

Le salaire net à l’hôpital en début de carrière est d’environ 2 000 à 2 200 € net/mois, primes comprises, selon la zone géographique, l’indemnité de résidence et les primes spécifiques.

Quelle est la différence de salaire entre un IPA et un médecin ?

Le salaire d’un médecin hospitalier débutant (assistant contractuel) est d’environ 2800 € brut/mois sans prime ni garde, contre 2 200 € pour un IPA.

Est-il rentable d’exercer comme IPA en libéral ?

Exercer en libéral peut être rentable, mais cela dépend fortement du cadre d’exercice. En maison de santé ou au sein d’une CPTS, l’IPA bénéficie souvent d’une patientèle adressée et d’une meilleure reconnaissance de son rôle. En revanche, une installation seule en ville peut être plus compliquée. Actuellement, les revenus en libéral restent inférieurs à ceux d’un IPA hospitalier en milieu de carrière.

L’IPA peut-elle évoluer vers d’autres fonctions ?

L’exercice en pratique avancée peut ouvrir la voie à d’autres fonctions, comme la coordination de parcours de soins complexes, la participation à l’enseignement universitaire, l’encadrement d’équipes pluridisciplinaires ou encore l’accès à des postes de cadre supérieur ou d’expert clinique.

⚠️ À retenir

Le métier d’IPA repose sur un niveau bac+5, une expertise clinique forte et une autonomie croissante ;

En hôpital public, la grille indiciaire garantit un salaire de 2 200 à 3 780 € brut/mois, avec des primes spécifiques ;

En libéral, le revenu dépend du modèle économique, encore en structuration ;

La reconnaissance du métier progresse, mais reste inégale selon les territoires et les structures.