L’animal : intérêts psychopathologiques et thérapeutiques en psychiatrie. Résistances et médiations
Formation proposée par AFP
Objectifs professionnels
L’animal fascine. Ne serait-ce que par son rôle dans l’enfance avec sa qualité essentielle de miroir du vivant constitutif de l’identité, alliant proximité et altérité jusqu’à sa radicalité sauvage et ses inévitables projections anthropomorphiques. Sa fonction transitionnelle englobant l’acquisition de la parole n’est que rarement abordée en psychiatrie, outre la psychopharmacologie expérimentale qui ne sera pas traitée ici.
Cette formation, qui fait suite au DPC organisé par l’Association Française de Psychiatrie en 2018 « Animal parlé/Animal parlant », s’intéresse d’abord, en creux, à ce qu’on pourrait dénommer, en comparaison avec les débuts du cinéma et ses histoires sans parole, une « clinique muette ». Concernant les pathologies dites résistantes déjouant les pronostics, elle vise les situations régressives ou bloquées parfois liées à un défaut de prise en charge, ou encore à une absence de palliation d’une évolution connue pour être inéluctablement défavorable. Pertes de chance pour lesquelles le praticien a toujours intérêt à s’interroger sur sa formation, sa propre expérience et ses propres résistances associées à ses choix de référentiels et leurs propres espaces de transformation.
Dans ces interrogations, les perceptions initiales du praticien, y compris inconscientes, comportent, hors discours, une somme d’information considérable qui va, de façon directe ou indirecte, influencer les choix stratégiques : présentation globale, regard, teint, réactivité, éventuelles odeurs etc. S’y adjoindront éventuellement des informations rapportées par des tiers sur des habitudes ou des bizarreries. Bref, tout ce qui échappe à la dynamique de l’échange verbal, même pimenté par l’incision de questions directives.
Le même échappement se retrouve au cœur de l’analyse des résistantes thérapeutiques médicamenteuses ou psychothérapiques : insistance de symptômes dits somatiques (dont le sommeil), enlisement de l’expression du vécu subjectif dans un mutisme ou inlassable répétition, ennui. C’est l’intérêt des médiations non verbales, permettant d’espérer une transition vers le narratif et sa distanciation.
Parmi celles-ci la Médiation Animale, facilitateur qui, bien qu’en plein essor, reste mal connu des psychiatres malgré son utilisation actuellement préférentielle au début et en fin de vie : autismes et démences. Et plus récemment, les traumatismes psychiques sévères voire certains états mélancoliques. Ses indications ne sont pas codifiées mais concernent son rapport spécifique au regard, au rythme et au tactile qui permettrait d’escompter d’éventuelles mobilisations de l’originaire ou de l’archaïque, concepts discutables et discutés jusqu’à l’Arché comme figure de l’autre , y compris totémique. Référence à un surmoi dont Freud, en évoquant la psychologie animale, postule l’existence chez les animaux supérieurs qui, comme chez l’homme, présentent dans l’enfance une période plus ou moins longue de dépendance .
Avec l’agressivité et l’angoisse comme symptômes communs à l’animal et à l’humain, cette médiation ouvre d’autres voies intéressant les psychiatres : celles, privées d’échange verbal, des modes de travail des éthologues et des vétérinaires. Leurs nombreux progrès réalisés ces dernières décennies ne peuvent laisser les psychiatres indifférents au regard de leurs propres bases conceptuelles.
Exigence énoncée dès 1964 par Henri Ey à propos des “aberrations instinctive” (perversions sexuelles, cannibalisme, agressivité, etc.) : « Nous retrouvons ici la notion même de régression ou d’archaïsme phylogénétique des comportements pathologiques de l’homme par quoi il est “dégénéré” … comme si l’homme en tombant dans la folie retrouvait les racines animales de son existence… C’est parce que les animaux disposent de moins de liberté et qu’il n'y a pas pour eux ni urgence, ni même possibilité du problème social de la liberté, que la Psychiatrie animale n’apparait que dans une parcimonieuse et ambigüe réalité… Si le psychiatre doit être une anthropologue culturaliste, il doit être aussi, et par l’adéquation à l’objet particulier de sa science, un naturaliste. » .
En 2021, Michel Kreutzer , non sans affirmer une liberté animale, cible les transmissions animales intergénérationnelles de savoir et de coutumes qui ne sont plus uniquement reléguées au seul génome ou à « l’instinct », mais seraient bien le fait de communications d’une protoculture.
Oserait-on y voir une nouvelle médiation, cette fois au sein de la résistance d’archaïsmes épistémologiques ?
L’imaginaire des psychiatres faisant pleinement partie de leurs actions thérapeutiques, cette formation vise à ouvrir ces nouvelles perspectives.
OBJECTIFS DE L’ACTION DPC
Cette action de formation DPC a pour objectif d’améliorer les compétences des professionnels de santé dans leurs actions thérapeutiques et plus particulièrement :
Améliorer les compétences des soignants pour mieux traiter les pathologies résistantes
Améliorer les compétences des soignants dans les approches psychothérapeutiques non verbales et facilitatrices de la communication verbale.
Améliorer les attitudes des soignants dans les pathologies résistantes.
Mieux comprendre les conduites régressives induites par les pathologies résistantes
Améliorer les interactions entre les professionnels de la médiation animale et les psychiatres non seulement pour une meilleure connaissance des bases théoriques sous tendant le travail de chacun, mais également pour en améliorer les indications et leurs apports dans une prise en charge globale.