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Troubles du désir sexuel féminin ; entendre • Dates non communiquées | App'Ines
Troubles du désir sexuel féminin ; entendre dépister et prendre en compte en pratique clinique
Mixte
DPC
Formation proposée par AIUS
Objectifs professionnels
objectifs, résumé de l’action
Les questionnements de patientes relatives à une perte ou une absence de désir sexuel sont fréquents. Dans une enquête de 1999 conduite en France auprès des personnes exerçant la sexologie, les répondant-e-s signalaient la perte de désir comme premier motif de consultation pour les femmes, cinquième pour les hommes (Giami et de Colomby, 2002, 56
6-
Les troubles du désir (troubles du désir sexuel hypo-actif, HSDD, manque d’interet sexuel) représentent une part importante des difficultés sexuelles féminines. Ils affectent entre 16% (1- à 25% (
2- de la population générale, et si l’on se réfère à la définition récente du DSM-5 et de la CIM 11 regroupant troubles du désir et de l’excitation en une seule pathologie (
3-, on peut évaluer à 43% l’importance du HSDD dans la population générale, avec ces nouveaux critères (
4-. On estime aussi, dans la population générale, à 10% le nombre de femmes présentant un sentiment de détresse mesuré à l’aide d’échelles validées, lié à un désir sexuel hypoactif (
5-.
Le groupe de consensus international sur les dysfonction sexuelles féminine a étendu la définition du HSDD pour inclure le manque de réceptivité ́ à` l’activité ́ sexuelle ainsi qu’une déficience des fantasmes sexuels et du désir d’activité ́ sexuelle (Basson et al)
Le retentissement des troubles du désir féminin est important. La dégradation de la qualité de vie et l’association d’un trouble du désir à une majoration des troubles de l’humeur (anxiété et dépression), à des perturbations de l’image de soi, et à une baisse d’estime de soi, est aujourd’hui bien connue pour en majorer l’impact et la gravité (
6-.
Aborder la question de la sexualité est encore difficile pour une majorité de médecins (
7- ; (
8-, avec leurs patients jeunes comme avec les plus âgés (
9-. Et même si aujourd’hui, les difficultés sexuelles sont davantage médicalisées, surtout en ce qui concerne les difficultés masculines (1
0-, pas plus d’un médecin sur dix est à même de dépister une difficulté sexuelle, principalement chez ses patients présentant une pathologie chronique(11-, bien que les besoins en la matière soient pourtant clairement établis (1
2-. L’augmentation du nombre de consultations pour dysfonction sexuelle est encore trop faible (+ 1.8% depuis 1999 (1
0- par rapport aux besoins et aux attentes des patients et des patientes. Il existe encore beaucoup de retards à la prise en charge, tant de la part des patients en difficulté (1
2-, que des médecins eux-mêmes (1
0-.
Il est donc important d’aider les médecins, et sages-femmes qui sont confrontés aux difficultés sexuelles de leurs patientes, d’apprendre à accueillir ce type de plainte, et de savoir vérifier si elle n’est pas liée à une contexte morbide associé (maladie chronique, dépression...), nécessitant un bilan complémentaire et/ ou une prise en charge spécifique complémentaire. Une réponse de première ligne éclairée et circonstanciée est souvent suffisante, et dans le cas contraire, il est essentiel que les différents soins et prescriptions puissent s’organiser de manière structurée entre les différents acteurs du réseau de soins.
Ainsi :
Le diagnostic implique d’etre attentif a des critères comme :
- Celui du contexte interpersonnel et à le prendre en compte. Une différence de désir qui aboutit à ce qu’une femme manifeste un désir d’activité sexuelle moins important que son partenaire n’est pas suffisante pour porter le diagnostic de trouble de l’intérêt pour l’activité sexuelle ou de l’excitation sexuelle chez la femme. Les changements survenant à court terme dans le désir ou l’excitation sexuels sont fréquents ; ils peuvent représenter des réponses adaptatives à des événements de la vie d’une femme (1
3- et ne témoignent pas d’une dysfonction sexuelle.
- Le diagnostic du trouble de l’intérêt pour l’activité sexuelle ou de l’excitation sexuelle chez la femme requiert une durée minimale de symptômes d’environ 6 mois attestant ainsi que les symptômes constituent un problème persistant s’accompagnant d’une souffrance personnelle.
- Prendre en compte les facteurs relationnels (p. ex. mauvaise communication, divergences par rapport au désir d’activité sexuelle) ;
3- les facteurs de vulnérabilité individuels (p. ex. mauvaise image du corps, antécédents d’abus sexuels ou de violence psychologique), la comorbidité psychiatrique (p. ex. dépression, anxiété) ou des facteurs de stress (p. ex. perte d’emploi, deuil) ;
4- les facteurs culturels ou religieux (p. ex. inhibitions liées à des interdits à l’égard de l’activité sexuelle ou du plaisir, attitudes à l’égard de la sexualité) et
5- les facteurs médicaux pertinents pour le pronostic, l’évolution ou le traitement. Chacun de ces facteurs peut contribuer à divers degrés à la présentation clinique des symptômes chez les femmes manifestant ce trouble.
Les diagnostics différentiels:
- Faire la part de troubles psychiques non sexuels tels que le trouble dépressif caractérisé, qui se manifeste par une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités, peuvent expliquer le trouble de l’orgasme chez la femme.
- Dysfonction sexuelle induite par une substance/un médicament. L’utilisation de substance/médicament peut expliquer des difficultés orgasmiques.
- Une autre maladie pouvant induire une trouble du plaisir (p. ex. sclérose en plaques, lésions de la moelle épinière),
- Des facteurs interpersonnels ou contextuels, tels qu’une souffrance relationnelle sévère, la violence du partenaire en privé ou d’autres facteurs de stress importants, associés à des difficultés orgasmiques,
- La présence d’un autre dysfonctionnement sexuel n’exclut pas un diagnostic de trouble de l’intérêt pour l’activité sexuelle ou de l’excitation sexuelle chez la femme. Il est fréquent que les femmes puissent présenter plus d’un dysfonctionnement sexuel (Fugl-Meyer et Fugl-Meyer 200
2-. Par exemple, la présence d’une douleur génitale chronique peut conduire à un manque de désir pour l’activité sexuelle rendue douloureuse. Le manque de désir et d’excitation pendant l’activité sexuelle peut nuire à la capacité orgasmique. Pour certaines femmes, toutes les composantes de la réponse sexuelle peuvent être insatisfaisantes et pénibles.
- Stimuli sexuels inadéquats ou absents.
- Modifications transitoires et d’adaptation du fonctionnement sexuel secondaires à un événement de vie important ou personnel doivent être prises en compte dans le diagnostic différentiel.
L'objectif principal de cette action DPC est:
- d’apprendre à accueillir ou dépister la plainte d’une patiente souffrant de troubles du désir, de savoir l’évaluer et la comprendre,
- d’organiser sa démarche thérapeutique autour de la prise en charge de première ligne, et de s’inscrire dans un réseau de coordination de soins centré sur la demande sexuelle des patientes
- de connaitre les diagnostics differentiels ne repondant pas aux criteres de troubles de l'interet sexuel caractérisés par le DSM-5
Les troubles du désir chez la femme sont fréquents et correspondent à une souffrance importante pour 10% de la population générale féminine. Ils s’accompagnent de perturbations émotionnelles importantes , principalement chez les femmes atteintes de pathologie chronique, chez lesquelles ils majorent l’incidence des troubles anxieux et dépressifs,.
Encore insuffisamment dépistés et pris en compte par le corps médical, les troubles du désir chez la femme sont cependant faciles à dépister sans entrer dans l’intimité du sujet. Ils peuvent être pris en charge en première ligne par le médecin généraliste ou la sage-femme, avec des conséquences rapidement concrètes sur l’amélioration du bien-être personnel et de la relation de couple
Références
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