Au quotidien, une réelle tension peut apparaître entre, d’une part, le droit des personnes accompagnées, leurs prises de risque pour la santé et leur liberté d’aller et venir, et d’autre part, les obligations de sécurité et la place des soignants et des professionnels dans leur ensemble. Contention et autres limitations de mobilité, comportements addictifs, refus d’un régime alimentaire médicalement préconisé… interrogent les responsabilités de chacun. Au sein des équipes médico-sociales, médecins, infirmiers, ergothérapeutes mais aussi souvent kinés et orthophonistes sont les professionnels de santé les plus impliqués dans la mise en œuvre des soins et des moyens techniques concourant à l’accompagnement et à l’autonomie des personnes en situation de handicap en fonction de leur état de santé. Le projet de soin personnalisé, élaboré et négocié avec la personne accompagnée est en premier lieu coordonné par le médecin et les autres soignants de l’ESMS, mais d’autres professionnels éducatifs et sociaux peuvent y concourir. Le respect du droit des usagers, en particulier celui de prendre les décisions concernant leur santé, est un principe directeur intangible inscrit dans la loi , mais sa mise en œuvre pratique dans le cadre de ce projet personnalisé peut rapidement générer des résistances, des peurs et une logique institutionnelle sécuritaire, rapidement motivée par la vulnérabilité ou les troubles cognitivo-psychiques de certaines personnes accompagnées Une démarche, individuelle ou collective, « d’in-quiétude éthique », la collégialité pluri professionnelle des processus de décision, une meilleure appréhension du cadre juridique et des responsabilités professionnelles peuvent aider à redonner sens et place à des prises de risque partagées, conciliant la préconisation experte et le respect de la volonté exprimée par l’intéressé. Le cadre juridique permettra d’éclaircir la place et le positionnement des soignants tout en respectant la dignité et la liberté de tout un chacun. Le sens donné aux prises de décisions, aux argumentations et concertations s’appuiera sur des illustrations des situations – problèmes rencontrés dans les établissements et services médico-sociaux, et les solutions pratiques trouvées par les équipes. MÉTHODES Ces journées comportent une journée d'apports cognitifs avec débats avec la salle en plénière CONTENU   QUATRE THÉMATIQUES permettront aux participants d’illustrer ces tensions et de les approfondir en s’appuyant sur des situations—problèmes rencontrées par les équipes de soins dans les établissements et services médico-sociaux, et les solutions pratiques trouvées par les équipes : 1. La contention, comprise au sens défini par la Haute Autorité de Santé dans plusieurs recommandations professionnelles , complétées par d’autres recommandations plus spécifiques, issues notamment du croisement entre matériovigilance et principe déontologique de prévention (primum non nocere) . La contention « physique passive » ainsi comprise est une réponse de dernier recours qui se distingue des autres formes de limitation de la mobilité par le fait qu’elle est motivée par des comportements perturbateurs et, lorsqu’elle est décidée, l’est sauf exception contre la volonté de la personne. Toutes les recommandations vont dans le sens d’une utilisation en dernier recours après recherche des alternatives possibles . 2. La limitation d’usage d’un fauteuil roulant s’inscrit dans ces autres formes de limitation de la mobilité ; spécifique aux situations de handicap mais fréquente et pouvant prendre des formes très différentes (refus de prescription débrayage du moteur électrique, voire confiscation…), l’absence de recommandation ou de littérature spécifique renvoie au cadre général de la privation du droit d’aller et venir . 3. L’alimentation, au centre de prises de risque pour sa santé : refus d’une adaptation de la texture malgré des troubles de déglutition, d’un régime médical lié à une pathologie ou un facteur de risque, etc. Pour les équipes médico-sociales, c’est au (pluri)quotidien que ces questions se posent et là encore, les repères professionnels manquent ou n’abordent qu’indirectement la tension entre les préconisations des professionnels et le droit des personnes de choisir pour eux-mêmes alors que leur situation de handicap fait dépendre la préparation comme la prise de repas de ces professionnels. 4. La consommation d’une drogue illicite, le cannabis dans un contexte institutionnel et/ou de dépendance physique susceptible d’impliquer des tiers professionnels dans cette consommation, interroge non seulement le « choix » d’une consommation à risque pour sa santé mais aussi l’engagement de la responsabilité des aidants et des institutions ainsi que le respect du secret professionnel , de l’intimité des personnes accueillies en établissement et le statut de leur logement .