Les troubles des comportements alimentaires ont mauvaise presse. Non seulement parce qu’ils touchent de façon privilégiée les adolescents de milieux à l’abri du besoin, manifestant de la sorte leur dédain pour leur favorable condition, mais surtout car ils dévoient des valeurs de réussite et de santé sacralisées dans la culture occidentale. Bien qu’ils touchent une minorité d’adolescents, en grande majorité des filles, c’est un trouble non seulement difficile à prendre en charge, mais qui connaît une des plus fortes mortalités parmi les maladies mentales. Cela explique la réticence des équipes de soins au contact avec les enfants et surtout les adolescents, à accueillir ce type de patients, avec des conséquences majeures sur l’accès aux soins. Cela a été particulièrement remarqué avec l’explosion de l’incidence de l’anorexie dans les suites du confinement de mars 2020, où les lieux d'accueil spécialisés qui sont déjà en temps normal habituellement passablement saturés, ont connu des débordements jamais vus jusqu’alors. Cette « anorexie du confinement » en mettant en lumière les carences des lieux spécialisés, a surtout confirmé que pour une grande part les difficultés de prise en charge étaient l’effet de la méconnaissance de cette pathologie, du défaut de formation au cours des études médicales sans doute, mais surtout de la rétention du savoir dans des niches, autrement dit par le manque de diffusion auprès d’un public professionnel plus large. En France, les troubles des conduites alimentaires (TCA) – anorexie mentale et boulimie, dans sa forme compulsive ou dans sa forme hyperphagique ou « binge eating » concernent environ 600 000 adolescents et jeunes adultes entre 12 et 35 ans dont 90 % de jeunes filles ou jeunes femmes. Anorexie et boulimie se déclenchent électivement après la puberté : le début le plus fréquent se situe autour de 16 ans pour l'anorexie, et plus tardivement, 19-20 ans pour la boulimie. Ces troubles seraient en augmentation de fréquence dans les pays économiquement développés sur un siècle, mais en relative stagnation ces dernières décennies : sont concernés environ 3% des adolescentes (12-17 pour l'anorexie) et 0,1% de garçons, et de 4 % pour la boulimie selon les critères retenus. Objectif général de la formation : Perfectionner ses connaissances et acquérir les compétences nécessaires à la prise en charge des patients atteints de troubles des conduites alimentaires dans une démarche d’amélioration continue des pratiques professionnelles. Objectifs spécifiques : deux entités : Connaissances attendues : - Savoir définir et reconnaître les trois grands TCA Identifier les complications ou situations urgentes et planifier la prise en charge - Connaître et identifier les comorbidités psychiatriques - Savoir justifier auprès du patient et de son entourage les principes de la prise en charge Compétences attendues : - Mettre en oeuvre une évaluation précise de l’état physique, nutritionnel et psychologique du patient - Savoir se comporter face au déni ou à la résistance aux soins et être capable de lever ces obstacles - Savoir programmer les examens complémentaires indispensables - Être capable de suivre le patient en ambulatoire et d’organiser des temps de rencontres avec l’entourage (avec l’accord du patient), en particulier les parents, en passant par le repérage à partir des inquiétudes familiales. - Être en mesure de délivrer des préconisations aux institutions ayant à faire aux mineurs, par des actes de prévention, en précisant l’attention médicale spécifique à donner aux enfants et aux adolescents.