Les professions médicales et paramédicales sont parmi les professions les plus touchées par l’épuisement professionnel qui est une cause majeure de dépression et d’addiction, voire de suicide. Ces professionnels sont vulnérabilisés par des caractéristiques inhérentes à l’exercice et l’organisation du soin, comme les exigences organisationnelles et l’engagement émotionnel intense, qui viennent peser sur la vie personnelle et sociale. Les stratégies collectives de défense sont également spécifiques : déni de la vulnérabilité et de la souffrance, stigmatisation des personnes qui expriment de la vulnérabilité, culture de l’exigence, qui sont autant de caractéristiques propres au milieu et qui viennent expliquer les freins à solliciter ses pairs ainsi que l’isolement des professionnels qui s’interrogent sur leur légitimité à poursuivre dans ces filières soignantes ou craignent pour la poursuite de leur carrière. L’analyse de la littérature précise, sur le plan national, cette situation dégradée de la santé mentale des soignants Pour n’en citer que quelques chiffres, la méta analyse de Fond et collaborateurs réalisée en 2019, donc avant la crise sanitaire, qui reprend 37 études réalisées chez les médecins français (15183 médecins) et montre que 49 % des médecins français présentent des signes de Burn out, soulignant également la vulnérabilité spécifique des étudiants et jeunes professionnels (Burn out in French physicians, Fond et coll. Journal of affectives disorders, vol 246, March 2019, p 132-14

7-. Force est de constater que la crise sanitaire actuelle vient renforcer les difficultés rencontrées par les personnels de santé. Quelques études récentes viennent également étayer ce constat. Nous citerons celle réalisée pour le compte de la CARPIMKO par le Cabinet Stimulus sur la pénibilité de l’exercice professionnel des praticiens de santé libéraux affiliés et publiés en novembre 2020 : 53 % des soignants libéraux présentent des signes de Burn out, dont 15,9 % à un niveau important et 4,9% à un niveau pathologique, 56,5% des infirmiers libéraux, 48,6 % des orthophonistes, 48,5 % des pédicures, 39,8% des orthoptistes et 32% des masseurs kinésithérapeutes. Toutes les professions de santé paraissent donc touchées par le Burn out, ainsi que tous les modes d’exercice (libéral ou salarié). Les retentissements de cette situation exceptionnelle sur la santé mentale des professions de santé seront encore probablement plus marqués dans les mois à venir : l’épuisement va croissant, et les stratégies adaptatives que chacun avait pu mettre en place, soit de façon individuelle pour se protéger, soit collectives, vont peu à peu s’épuiser. Les caractéristiques propres à cette population médicale et paramédicale et au travail du soin en lui-même sont autant de facteurs de vulnérabilité : engagement émotionnel intense, exigences organisationnelles des métiers eux-mêmes avec les contraintes liées à la permanence des soins, mais également de retard à la prise en charge : stratégies individuelles et collectives de défense, peur de la stigmatisation, culture de l’exigence, viennent expliquer les freins que les soignants ont à solliciter de l’aide et rendent difficile leur accès à l’accompagnement et au soin. L’objectif de cette formation est double : - Permettre au médecin généraliste ou à l’infirmière de comprendre l’épuisement professionnel pour le prévenir ou le repérer de façon précoce pour lui même. - Le repérer chez des confrères, des collègues, des patients et participer de façon adaptée à l’accompagnement de ces personnes. A l’issue de cette formation le professionnel pourra donc : - Comprendre les éléments de vulnérabilité et les facteurs de risque de l’épuisement professionnel - Acquérir des connaissances et développer des compétences pour repérer et dépister l’épuisement des professionnels - Utiliser la boîte à outils proposée pour développer ses propres ressources et transmettre à ses collaborateurs ou patients - Mettre en place une dynamique d’amélioration des pratiques et de la prévention des risques de l'épuisement des professionnels dans le cadre de son activité.