Être déprimé pendant l’enfance est rare, puisque cela concerne entre 1 et 2 % de la population générale dans la tranche 0 à 10 ans, mais grave. La comorbidité de cette clinique brouille l’évaluation, surtout en période scolaire où les exigences d’acquisition des apprentissages, quand il ne s’agit pas de réussite, braque tous les regards. Ainsi, la discipline, le manque d’attention seront les symptômes souvent privilégiés, au détriment du désespoir profond qui caractérise l’enfant déprimé. Le même type de problème concerne les jeunes devenus pubères. Être adolescent ne constitue pas un état propice à la survenue d’un trouble mental en soi, en revanche il s’avère le moment où s’annoncent les troubles mentaux de l’âge adulte, auquel s’associent des troubles spécifiques de cet âge qui pour certains ne sont que le prolongement des troubles de l’enfant. Phase de construction sociale et identitaire, de parachèvement des fondations adultes, l’adolescence est donc un moment propice à une intervention qui limite les effets sur la personnalité psychologique et sociale de l’individu en devenir. Face à cet enjeu les références aux trois stades, enfance, adolescence et adulte participent de la complexité par le foisonnement de diagnostiques possibles, à quoi s’ajoute un mode d’expression qui mixe la prédilection comportementale de l’enfance avec celle verbale de l’âge mûr, tout en obéissant à un principe de différenciation avec l’enfance et surtout celui du monde adulte. La résultante pour le médecin généraliste peu familier de ce type de terrain clinique, se résume en une impression de forêt diagnostique, qui apparaît suivant une expression d’une obscurité épaisse. Pourtant d’après l’OMS : « à l’échelle mondiale, la dépression est l’une des principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents » . C’est à dire que comme la dépression est à l’adolescence presque aussi fréquente que chez l’adulte, puisqu’elle touche près de 8% des 10-18 ans d’après l’H- alors elle devrait être fréquemment rencontrée et reconnue. En fait, ce qui n’est pas suffisamment le cas, elle passe souvent inaperçue. Cela est d’autant plus préjudiciable, que ces troubles non pris en charge peuvent non seulement faire le lit de troubles à l’âge adulte mais vont favoriser l’apparition de comorbidités, comme les addictions, les troubles des conduites alimentaires, les comportements auto-agressifs et autres troubles physiques mais aussi peut avoir un retentissement social et scolaire durables, sans parler du risque suicidaire. En effet, la moitié des suicides, qui rappelons le sont la deuxième cause de mortalité chez les adolescents français, surviennent dans un contexte de dépression (HAS). Parler de dépression pendant l’enfance ou à l’adolescence conduit à souligner trois enjeux majeurs : celui de sa reconnaissance, celui de sa prise en charge, celui de sa prévention. L’enjeu de la reconnaissance, consiste à acquérir les clés pour rentrer en relation avec un enfant ou un adolescent d’une part, puis de l’identifier dans un registre sémiologique. Concernant la prise en charge, elle doit se fonder sur une compréhension psychopathologique de la dépression pour savoir accompagner psychologiquement le jeune patient, et ainsi mieux discerner le moment d’une éventuelle prescription médicamenteuse, ses attendus et ses limites. A propos de la prévention, elle s’entendrait du conseil aux parents, en passant par le repérage à partir des inquiétudes familiales, puis dans les préconisations à donner aux institutions ayant à faire aux mineurs, jusqu’à l’attention médicale à donner aux enfants et aux adolescents. Objectif Général : Améliorer la prise en charge de la dépression chez l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte. Objectifs spécifiques : - Reconnaitre une dépression, et son degré de sévérité - Élaborer une psychothérapie de soutien - Mettre en oeuvre une coordination entre la médecine générale et la psychiatrie - Savoir traiter si besoin via la pharmacopée les divers troubles dépressifs en médecine générale et savoir orienter vers un spécialiste si nécessaire - Élaborer un projet de soins personnalisé adapté au patient - Mettre en oeuvre une stratégies diagnostiques et thérapeutiques adaptées - Savoir prendre en charge la dépression en médecine générale