Si les praticiens de l’hôpital psychiatrique prennent en charge principalement des pathologies lourdes du développement de l’enfant ainsi que des psychoses chroniques et des troubles graves de l’humeur, ils sont aussi confrontés à des patients présentant des troubles graves de la personnalité, notamment des états limites. Ces patients présentent des troubles majeurs du comportement pouvant conduire à des hospitalisations itératives et nécessitant des prises en charge pluridisciplinaires coordonnées qui intègrent des partenaires au-dehors du champ de la psychiatrie. Il s’agit souvent de patients jeunes qui se situent à la charnière de l’hôpital, du judiciaire et mobilisent les praticiens du côté des enfants, des adolescents et des adultes. Comment définir le trouble grave de la personnalité ? Où et comment situer la frontière entre le normal (attitude réactionnelle à un environnement social pathologique par exemple) et le pathologique (inscription dans le fonctionnement psychique) c’est-à-dire peut-être aussi comment définir ce qui relève de notre champ de compétence ? A partir du film « Nounours » qui évoque bien les adolescents difficiles, nous échangerons autour des troubles des conduites au sens large en essayant de croiser les regards sur le thème du trouble grave de la personnalité. Nous nous attacherons ensuite à définir la notion d’état limite qui peut renvoyer à des représentations très différentes chez les praticiens selon leur lieu d’exercice, la tranche d’âge dont ils s’occupent, le moment de vie du patient… S’agit-il d’une entité nosographique ? D’un mode de cicatrisation d’une psychose ? A quelle constructions psychopathologiques ce concept renvoie-t-il ?