En France les données sur la santé mentale ont longtemps été parcellaires. Les informations disponibles sur les troubles psychiques concernaient essentiellement les prises en charge et il était difficile de conclure quant aux différences de prévalence. Le développement récent du recueil d'informations médicalisées en psychiatrie (RIM-P) en cas d’hospitalisation et son intégration en 2011 dans le système d’information inter régime d’assurance maladie (SNIIRAM) a permis d’amorcer une surveillance du taux d’habitants avec des troubles de l’humeur et avec des troubles psychotiques suivis dans le système de soins . La France se caractérise par une fréquence importante des troubles mentaux . Au sein de l’Europe, elle se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide avec un lien direct entre suicide et psychotraumatisme . L’European Study of the Epidemiology of Mental Disorders (ESEMeD) menée en 2004 sur un échantillon de 21 425 habitants de six pays d'Europe est la première réalisée sur des échantillons aléatoires. Elle a permis de mesurer la prévalence des troubles psychiatriques en France et de la comparer directement avec celles observées dans d’autres pays européens. Plus d’un tiers (38,4 %) de la population vivant en France en 2002 a présenté un trouble psychiatrique au cours de la vie (45,1 % des femmes et 31,1 % des hommes) et 14,5 % dans l’année précédente (18,9 % des femmes et 9,7 % des hommes). Ces taux sont les plus importants des 6 pays européens étudiés (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas) et ce particulièrement pour l’état de stress post-traumatique (ESPT), dont la prévalence sur douze mois est deux fois plus élevée en France que dans les autres pays européens : prévalence vie entière de 3,9% des français (3,2-4,

6- dont 1,5% pour les hommes (0,9-2,1- et 6,0% pour les femmes (4,8-7,

2-. C'est pourtant beaucoup moins qu'aux Etats-Unis (5-6 % chez les hommes et 10-14 % chez les femmes ). Cette différence de prévalence peut s’expliquer par les divergences sur la définition du critère A1 du DSM-IV. En effet, les américains élargissent la définition à toute personne ayant éprouvé –“experienced “, un sentiment traumatique sans obligation de confrontation –“confronted “, à la scène traumatique, ce qui diffère de l’Europe. L’annonce d’un décès ou de toute mauvaise nouvelle est alors considéré comme un sentiment traumatique. Depuis plus de 20 ans on sait que le syndrome de stress post-traumatique est d’une part plus fréquent qu'on ne l’a cru et d’autre part plus souvent persistant. On estime que chaque année 84000 femmes et 14 000 hommes sont victimes de viols et de tentatives de viol en France et les victimes de violences estiment à 76% qu’elles ont eu des répercussions « plutôt ou très importantes » sur leur santé psychologique et, à 61%, qu’elles ont entraîné des perturbations dans leur vie quotidienne. Les enfants sont encore bien plus nombreux à en être victimes : si dans l’enquête Comportement Sexuel des Français (CSF INSERM, 200

8-, 16% des femmes et 5% des hommes déclarent avoir subi des rapports forcés ou des tentatives de rapports forcés au cours de leur vie (6,8% des femmes déclarent des rapports forcés et 9,1%, des tentatives, et respectivement 1,5% et 3,0% des hommes) c’était majoritairement avant 18 ans pour 59% des femmes et de 67% des hommes. En attendant les résultats de l’étude Virage (Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et par les hommes ) on sait que 143 000 enfants vivent dans des ménages où des femmes adultes sont victimes de violences conjugales, physiques et/ou sexuelles et on peut estimer à 124 000 filles et 30 000 garçons le nombre de victimes dans l’enfance chaque année en France (Enquête Cadre de Vie et Sécurité (CVS) 2012-2015 et enquête CST INSERM, 2008 ). Il a été retrouvé un gradient entre l’importance de l'exposition aux abus ou au dysfonctionnement familial pendant l'enfance et des facteurs de risque pour plusieurs des principales causes de décès chez les adultes . Le médecin s’il pense à ces facteurs de risque pourra aider la personne à se soigner en rattachant les troubles présents au passé. Encore lui faudra-t-il parfois trouver les mots pour en faire le diagnostic. Au-delà des psychotraumatismes liés aux attentats survenus en France, ces autres traumatismes dont la fréquence est sous-estimée, font partie intégrante de la pratique des médecins. Du fait de la spécificité d’une phase de latence, leur diagnostic est souvent difficile. A cela s’ajoute le déni qui a longtemps été dénoncé mais encore présent dans la pratique médicale. Si l’Instruction du 6 janvier 2017 relative à l’urgence médico-psychologique (annexe 3 : référentiel national de formation à l’urgence médicopsychologique) prévoit : « Le relais de la prise en charge doit faire l’objet d’une organisation définie et formalisée par l’ARS dans le cadre du volet médico-psychologique du dispositif ORSAN en liaison avec la CUMP et les établissements de santé autorisés en psychiatrie, les hôpitaux d’instruction des armées, l’Institution nationale des Invalides en Ile-de-France et les praticiens libéraux dans un objectif de parcours de soins personnalisé», l’ensemble des soignants se doit d’avoir une capacité de prise en charge initiale ou à distance de toutes sortes de traumatismes. Différencier un traumatisme intentionnel et un traumatisme dans lequel les défenses personnelles ne sont pas suffisantes pour endiguer l’afflux pulsionnel afin de « restituer aux notions de frayeur et de traumatisme la dignité que leur a retiré la notion psychanalytique de l'angoisse » (Tobie Nathan l’influence qui guérit) est un changement de paradigme. Ce DPC est réservé aux praticiens ayant participé à un DPC en 2017 ou ayant une formation initiale sur ce thème.