Actualités en parasitologie 2018. Les maladies transmises par les tiques, au cœur de débats passionnés entre fléau sous-estimé ou maladie émergente ont fait l'objet d'un rapport récent du Haut Conseil de la Santé Publique. Cette formation propose de faire une mise au point sur les connaissances actuelles concernant l'agent infectieux, le vecteur, les modes de transmission, la place de la biologie dans le diagnostic de ces pathologies ainsi que les recommandations thérapeutiques. 1. Bio écologie des tiques : Exemple d’Ixodes ricinus : Les tiques sont des parasites hématophages à tous les stades de leur évolution mais dont la plus grande partie de l’existence se passe à l’état libre. Acariens de grande taille (de 1 mm pour les larves hexapodes à 1 cm ou plus pour les adultes octopodes gorgés), au corps globuleux et sans segmentation extérieure, elles possèdent un rostre, appareil de fixation sur la peau et permettant la nutrition. Les tiques ont une importance considérable en pathologie humaine et vétérinaire. En effet, en dehors de l’action neurotrope voire paralysante de la salive élaborée par une femelle gravide, elles ont un rôle de réservoir et de vecteur de nombreuses maladies virales (arboviroses), bactériennes (borrélioses, rickettsioses, ehrlichioses) et parasitaires (babésioses, filarioses). La plupart des germes sont à transmission trans-stadiale, voire transovarienne, ce qui permet leur pérennité à l’intérieur d’une population de tiques et le caractère parfois focal des maladies transmises. Il existe deux familles à biologie bien distincte : Argasidae et Ixodidae. 2. L'encéphalite à tique (TBE) en France : que savons-nous aujourd’hui ? Le point de vue du virologue : Le virus TBE (Tick-borne encephalitis) est responsable de l'encéphalite à tique. Cette zoonose est transmise à l’homme surtout par piqûre de tiques du genre Ixodes. Elle est endémique en Europe Centrale et en Europe de l’Est avec une augmentation du nombre de cas rapportée au cours de ces trente dernières années. En France, une recrudescence de cas TBE a été observée en 2016 avec 29 cas confirmés. L’Alsace, reste la zone de plus forte prévalence de cette infection en France, mais la présence d’un foyer secondaire en Haute Savoie semble se confirmer ces dernières années. L’infection à TBE est symptomatique dans 30% des cas. Elle peut évoluer vers des tableaux d’encéphalite ou de méningo-encéphalite, et occasionner des séquelles neurologiques à plus long terme. Le diagnostic repose, selon la définition de l’ECDC, à la fois sur des critères biologiques et des critères cliniques. . L’encéphalite à tique reste une pathologie peu connue en France et est probablement insuffisamment diagnostiquée sur notre territoire. 3. La fièvre boutonneuse méditerranéenne en France : La fièvre boutonneuse méditerranéenne (FBM) est due a une rickettsie : Rickettsia conori transmise par la tique noire du chien Rhipicephalus sanguineus qui est à la fois le vecteur et le réservoir de la maladie compte tenu de la transmission trans- stadiale et transovarienne de la rickettsie. Le cycle épidémiologique domestique centré sur le chien est donc le principal mode de contamination de l’homme. Cette rickettsiose est présente sur tout le pourtour méditerranéen mais également en Afrique noir et en Asie. Il s’agit d’une maladie saisonnière, surtout estival, survenant lors de la période d’activité des tiques. La morsure est le plus souvent indolore. La maladie se manifeste par un syndrome grippal (fièvre, asthénie, céphalées) accompagné par une lésion noirâtre et croûteuse (escarre d’inoculation) et 3 à 4 jours plus tard d’un exanthème débutant sur le tronc et s’étendant rapidement vers les membres mais respectant la face. Le diagnostic est affirmé par la sérologie, la biologie moléculaire et, parfois, par la mise en évidence des rickettsies lors de l’examen microscopique d’une biopsie de l’escarre d’inoculation mais celui-ci doit être effectué dans des laboratoires de sécurité biologique de niveau 3. 4. La borréliose de Lyme : La borréliose de Lyme est une infection bactérienne due aux Bactéries du Genre Borrelilella (anciennement Borrelia burgdorferi sensu lato) et transmises par des tiques dures du genre Ixodes. En France, l’incidence de la borréliose de Lyme varie en fonction des régions. La répartition des cas humains est étroitement liée à l’exposition aux vecteurs. Ces derniers nécessitent un biotope forestier tempéré pour accomplir leur cycle de développement. Plusieurs formes cliniques de borréliose de Lyme sont observées en fonction de l’évolution de l’infection : le stade localisé primaire caractérisé par un érythème migrant, les stades disséminées précoces ou tardifs caractérisés par des manifestations neurologiques le plus souvent, mais aussi articulaires ou cutanés. Le diagnostic associe l’anamnèse de l’apparition de la symptomatologie avec notion d’exposition au risque ou notion de piqûre de tique, la clinique et la biologie. En fonction du stade, différents tests bactériologiques permettent un diagnostic direct ou indirect. L’indication de ces tests repose sur la connaissance du principe de ces tests, de leurs performances et de leurs limites. Bien utilisés, ces tests permettent d’établir le diagnostic et par conséquent d'adapter le traitement. Par contre, Le suivi de l’efficacité du traitement est avant tout clinique. 5. T.I.B.O.L.A. : Tick-borne lymphadenopathie : quésaco ? Le T.I.B.O.L.A est une affection dont l’agent pathogène est une rickettsie (bactérie intracellulaire) transmise par une tique du genre Dermacentor. Rickettsia slovaca a été isolée pour la première fois en Tchécoslovaquie en 1968 de Dermacentor marginatus. Elle était considérée comme non pathogène jusqu’en 1997 où un premier cas humain a été rapporté en France. Des cas similaires avaient été décrits en France mais également en Slovaquie et en Hongrie mais sans documentation. La même année, Lakos a décrit un nouveau syndrome clinique associant piqure de tique, escarre d’inoculation et adénopathie locorégionale sous l’acronyme TIBOLA. Plus récemment une nouvelle espèce de rickettsie R. raoultii isolée de Dermacentor de Russie et de France est également responsable du TIBOLA.