Le syndrome d'épuisement professionnel dans le monde du plateau technique: comment le prévenir, comment le traiter
Formation proposée par DA3P
Objectifs professionnels
Le burnout – ou syndrome d’épuisement professionnel (SEP) – désigne un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. Il se caractérise par un processus de dégradation du rapport subjectif au travail. Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique, la personne en SEP ne parvient plus à faire face. La notion et l’expression « burn out » ont été introduit par Greene en 1961 dans son ouvrage « a burn out case » Puis il a été utilisé par le psychanalyste J.Freudenberger dans les années 1970. Le SEP a été parfaitement défini par Christina Maslach, Schaufeli et Leiter : c’est l’index de dislocation entre ce que quelqu’un est et ce qu’il a à faire. C’est un processus d’érosion des valeurs, de la dignité, de l’esprit et de la volonté de l’individu. Le syndrome recouvre trois dimensions : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation au sein du travail (déshumanisation, indifférence) et la diminution de l’accomplissement ou de l’épanouissement personnel au travail et de l’efficacité professionnelle. Cole et Carlin considèrent qu’il s’agit d’une crise d’identité de médecins qui se sont engagés dans leur vie professionnelle avec un certain nombre de valeurs. La souffrance vient de la sensation que ces valeurs sont bafouées. Tout engagement, quel qu’il soit, repose sur trois critères : 1/ la valeur personnelle et la motivation attachées à accomplir cet engagement , 2/ le plaisir ou l’épanouissement que cela procure, 3/ et les contraintes que cela engendre . A partir du moment où les contraintes deviennent insupportables, le plaisir disparaît, et les valeurs sont mises en porte à faux, ce qui fait le lit du SEP. C’est Maslach qui, par le MBI test , a permis de mieux appréhender ces trois composantes. Ce test très simple avec 22 questions permet un diagnostic facile et précis d’état de SEP, avec les trois scores : le score d’épuisement émotionnel, le score de dépersonnalisation et le score d’accomplissement personnel. Plusieurs études, toutes plus alarmistes les unes que les autres, soulignent la gravité de la situation dans le monde médical, tout particulièrement dans le domaine du plateau technique lourd .L’enquête au sein de l’American College of Surgeons, avec plus de 7905 réponses, est édifiante : 40% de SEP, 30% de symptômes de dépression Le taux de suicides notamment chez les chirurgiens est de 6,3% (contre 3,3% dans la population totale). Le taux de symptômes dépressifs s’accroît encore quand les deux personnes du couple sont chirurgiens, et semble pour certains plus important chez les femmes.
Souvent, le sentiment d’accomplissement personnel demeure intact, ainsi Campbel and al, en analysant les réponses de 582 chirurgiens, ne retrouvaient que 4% de perte du sens d’accomplissement personnel, contre 32% de souffrance émotionnelle et 13% de dépersonnalisation. C’est cette souffrance émotionnelle, qui mène à la dépersonnalisation qui selon Balch et al est « adaptative » . C’est comme si, pour se protéger, le praticien mettait en place une structure mentale de cynisme afin de ne pas souffrir. Le SEP est constaté également chez les étudiants en médecine en formation, mais en France pour les internes la situation est particulièrement alarmante: une enquête nationale (avec 4050 réponses soit un taux de 64% des internes de médecine générale de France) révèle que 34 % des internes considèrent faire partie d’au moins une des trois catégories de SEP. Ils sont 39 % à ressentir une baisse de leur accomplissement personnel et 34 % à dépersonnaliser leurs patients. Au total, près de la moitié des internes se sentent concernés, 16,5% vont abandonner leur carrière, et 37% regrettent d’avoir choisi la voie médicale. Ceci explique le faible taux d’installation future, comme si les internes étaient tétanisés par ce qu’ils avaient vécu.
Cette action DPC est donc particulièrement d'actualité, elle est conçue par un membre de la commission HAS qualité de vie au travail, qui a écrit plusieurs articles et communications sur le thème. elle comporte 4 étapes
- une étape d'évaluation des pratiques, sous la forme du questionnaire MBI test ( durée une heure). Chaque questionnaire est analysé par le concepteur, qui lui adresse des conseils d'amélioration des pratiques.
- une seconde étape d'évaluation des pratiques sous forme d'enquête de pratique très fouillée (140 items)(durée 4 heures)
- une étape de formation sous la forme de lecture d'articles sur le sujet (durée 4 heures).
- un mois après, un questionnaire est adressé au participant pour lui demander quelles ont été les modifications de ses pratiques. Un nouveau test MBI est proposé (durée une heure). L'évaluation habituelle de l'action clôt celle ci.
Nous insistons sur l'importance de cette action, étant d'un part de plus en plu confronté à des suicides dans le monde chirurgical, et le fait que l'arrêté du 23 avril 2018 ait rajouté ce thème (repérage, prévention et prise en charge des pathologies des professionnels de santé
(pathologies et facteurs de risques spécifques, particularités des représentations de sa santé et de sa maladie,
prévention et repérage de l’épuisement professionnel, organisation de l’accès à des ressources spécifiques) prouve bien son importance.