Gestion de la violence et de l'agressivité des patients
Formation proposée par ERON SANTÉ
Objectifs professionnels
Le rapport 2020 de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) répertorie et analyse les incivilités, les violences et les actes de malveillance commis en 2019 dans les établissements médicaux. Il s'agit ainsi d'aider ces établissements à mettre en place une politique adaptée de prévention et de lutte contre ces phénomènes.
Les violences signalées en 2019
L’ONVS recueille les faits violents grâce à une plateforme intégrant une fiche de signalement. Ils sont hiérarchisés selon une échelle de gravité calquée sur celle du code pénal. Les patients, les accompagnants et les personnels des établissements peuvent effectuer un signalement. Celui-ci n’est pas obligatoire et n’a aucune valeur juridique, il repose sur le ressenti d’un individu.
7,8% des établissements ont déclaré des violences en 2019. Les signalements émanent :
• D’établissements publics pour 72% ;
• D’établissements de santé privés d’intérêt collectif pour 12% ;
• D’établissements de santé privés à but lucratif pour 16%.
L’Île-de-France est la région la plus touchée (5 845 déclarations, soit 21,19% du total).
L’ONVS a distingué :
• 81% d’atteintes aux personnes, dont 21% sont liées à un trouble psychique ou neuropsychique (TPN) altérant en partie ou en totalité le discernement de l’auteur. Ces violences verbales et physiques progressent, notamment en psychiatrie, aux urgences et en gériatrie. La consommation excessive d’alcool ou la prise de stupéfiants majore le risque de passage à l’acte ;
• 19% d’atteintes aux biens (dont 3% liées à un TPN). Les dégradations légères et les vols sans effraction prédominent. Les vols avec effraction représentent 3% du total, et les actes les plus graves (dégradation de matériel de valeur, incendie volontaire, vol à main armée ou en réunion) 4%.
Avec des conditions de travail de plus en plus difficiles, des patients plus exigeants et des personnels en état de mal être, l’activité même de prise en soin peut poser un problème de positionnement et de comportement aux personnels soignants.
« Penser » la violence, reste le meilleur moyen de la prévenir et de la contenir ; la violence n’est pas un phénomène isolé dans ce qui constitue la vie humaine. Elle n’est pas, comme on voudrait bien le dire, une aberration ponctuelle. Elle « est » la vie et fait partie des comportements humains défensifs et adaptatifs, en recrudescence ces dernières années.
D’une manière générale, toute personne accueillie à l’hôpital ou prise en charge par un soignant souffre d’une atteinte de son intégrité, susceptible de changer ses rapports au monde et à autrui. D’autre part, pour le personnel soignant, être confronté tous les jours, à l’agressivité et aux violences de la vie et de la société et à celles-là même que constituent la naissance et la mort, c’est être confronté autant de fois à sa propre perception du monde, à ses inquiétudes et angoisses, et à sa propre histoire traumatique ou médicale. C’est aussi, être pour certains, remis en cause plusieurs fois par jours dans leur déontologie et leur bienveillance.
Certains usagers ont des comportements difficiles, qui dans la majorité des cas sont dus à des manifestations d’agressivité voire d’actes de violence ou d’incivilités, causées par des difficultés de la vie, leurs pathologies psychiatriques ou leurs addictions, souffrance physique aigue, angoisse, … comportements difficiles à gérer pour les personnels chargés des soins.
C’est donc bien une approche redonnant toute sa place aux personnels soignants dont il doit s’agir. Les aménagements matériels et une meilleure répartition de la charge de travail ont leur importance. Une réflexion sur les attitudes et les comportements ainsi que la possibilité pour les Agents de s’interroger et de libérer la parole sont également indispensables, si l’on veut agir sur les pratiques et permettre une maîtrise raisonnée de cette montée d’agressivité et de violence constatée dans la société moderne.
La formation est conçue pour offrir aux participants un espace privilégié, où il est possible de prendre du recul sur les situations vécues, de comprendre leurs difficultés, de clarifier ce qu’est le soin spécifique des patients en souffrance psychiatrique, les droits et devoirs de chacun, la gestion de l’agressivité et de la violence, d’affiner son positionnement et d’expérimenter de nouvelles manières de se comporter, aussi bien dans les attitudes ( placement du corps, les gestes…) que dans la communication (verbale, infra verbale et non verbale, non violente),afin de prévenir les situations dégénérantes, et offrir aux personnes en difficultés un comportement empathique, en adéquation avec la situation ; apprendre également , à se préserver de l’épuisement professionnel en gérant son stress et ses émotions.
Des techniques communicationnelles comme la communication non violente ou les reformulations permettront la mise en pratique de la désescalade des situations d’agressivité et de violence.
Objectifs globaux :
Cette action permet une application des recommandations HAS concernant la prévention des situations d’agressivité et de violence afin de répondre en réduisant les situations potentiellement conflictuelles.
Elle a pour but, également :
- De perfectionner les connaissances juridiques des professionnels de santé, en termes de prévention et de responsabilité face à la violence ou l’incivilité.
- De pérenniser les compétences collectives acquises auprès des personnes déjà formées en capitalisant sur l’existant
- Expliquer les mécanismes mis en jeu dans des situations d’agressivité et de violence
- De former à la médiation pour apporter des savoirs faire relationnels innovants
- De perfectionner les connaissances des jeunes diplômés en psychopathologie pour mieux comprendre l’agressivité liée à ces pathologies
- L’accent sera mis en priorité dans cette formation sur les « actions de prévention » à développer, qui permettront de réduire notablement les situations dégénérant en accès de violence, tant du côté de « l’agresseur » que de « l’agressé » (techniques de communication inadéquates, organisation d’équipe défaillante, attitude inadaptée…)
Objectifs spécifiques de l’ensemble de la formation :
En fin de formation les participants seront capables de :
- Echanger et faire un état des lieux sur le contexte actuel et la montée des phénomènes de violence dans notre société moderne
- Identifier les situations critiques génératrices d’agressivité, voire de violence (isolement, prise de médicament, contention, etc.)
- Identifier les différentes formes de violence, d’incivilité ou d’agressivité et leurs processus
- Acquérir des connaissances de base sur la dynamique et les mécanismes de la violence afin de mieux comprendre la survenue d’un passage à l’acte, notamment au niveau neurophysiologique, module très important pour les nouveaux diplômés
- Décrypter le rôle et le sens des comportements violents et ainsi proposer un accueil et une attitude adaptés aux problématiques du patient soigné.
- S’entraîner à utiliser des comportements nouveaux (mettant en jeu la communication non verbale, les messages apaisants, l’appel à un tiers, la médiation etc.) permettant de mieux gérer l’agressivité et adaptés aux différents types de situation
- Évaluer les différents paramètres de la « situation problème » (contexte, personnalité de l’agresseur, facteurs déterminants, sa propre attitude…) afin de savoir choisir la meilleure façon de gérer l’agressivité et prévenir l’accès de violence ou le comportement indésirable, de la désescalade à la gestion de l’après-coup.
- Être capable pour chacun, à tout niveau d’intervention, de réfléchir à ses propres réactions, à sa capacité à établir une alliance thérapeutique dans sa rencontre avec le patient et ses proches.
- Être capable de repérer les facteurs de stress et de mettre en place des stratégies d’adaptation aux stresseurs afin de prévenir son aggravation et ses conséquences sur son comportement soignant.