Résumé Les hépatites virales peuvent être hépatotropes ou non spécifiques. Il est important que les médecins généralistes et les gynécologues (dans le cadre du suivi partagé des patientes en cours de grossesse) aient connaissance de ces hépatites, de leur mode de contamination, des moyens de prévention et de traitement possibles. En effet, une hépatite au cours de la grossesse rend cette dernière à risque : conséquences importantes sur la morbi-mortalité. Durant les 20 dernières années, l’infection par les virus a été identifiée comme un problème majeur de santé publique. On distingue dans les virus hépatotropes : 1. Les hépatites virales A sont de contamination oro-fécale et leur prévention repose sur une simple vaccination et l’application de règles d’hygiène alimentaire et sanitaire. Le pronostic est habituellement favorable. Ces hépatites peuvent poser le problème du diagnostic différentiel avec les autres hépatopathies de la grossesse. 2. Les hépatites virales B touchent 0,6 % de la population en France (davantage dans les populations défavorisées). Le diagnostic est souvent tardif car elle est asymptomatique. La transmission est en règle sexuelle et sanguine (en particulier materno-fœtale dans 95 % des cas en l’absence de dépistage avant ou en début de grossesse). La prévention efficace passe par la sérovaccination systématique. On peut associer un traitement par tenofovir en fonction de la virémie (dosage vers le 6° mois de grossesse, suivi d’une vérification du statut de l’enfant). Dans les cas où la femme est traitée en fin de grossesse pour éviter la contamination de l’enfant, le suivi après l’arrêt du traitement est d’une importance majeure en raison de possible survenue d’hépatites aiguës, parfois sévères. Les conseils concernant l’allaitement et la tolérance du traitement chez la femme et l’enfant allaité sont aussi des informations essentielles pour répondre aux patientes, à leur famille et assurer une bonne prise en charge 3. L’hépatite C atteint 0,8 % de la population en France avec une prévalence supérieure dans les populations à risque. La connaissance de cette pathologie, des modes de contamination, de prévention, permettent de diagnostiquer de façon plus précoce l’infection par un dépistage au stade pré-symptomatique. Il existe, depuis 2014, des traitements bien tolérés et efficaces dans plus de 95 % des cas, incitant au dépistage généralisé, comme recommandé par les sociétés savantes, afin d’obtenir pour 2025 en France un objectif de l’OMS (pour 203

0- qui est l’élimination des hépatites B et C. L’activité de prévention réalisée par les gynécologues, le rapport de confiance entre les patientes et leur gynécologue et le risque de transmission materno-fœtale, bien que faible ( 5 % des cas), expliquent que les gynécologues représentent une profession importante pour cette activité de dépistage en début du parcours de soins. 4. L’hépatite D, systématiquement associée à l‘hépatite B, est également plus fréquente dans les populations défavorisées, est une affection hépatique très sévère, responsable d’un taux élevé de progression vers la cirrhose et ses complications, et ce de façon plus précoce (40-50 ans) 5. L’hépatite E, connue pour être transmise par voie oro-fécale, dans les pays en voie de développement, a évolué en raison de l’émergence d’un autre génotype, responsable d’une transmission par ingestion d’animaux ou d’eau contaminée y compris dans les pays plus avancés économiquement. La prévalence de ces infections a augmenté : jusqu’à 8 % de la population a une sérologie séquellaire d’un contact avec le virus. Objectifs : - Connaître la morbi-mortalité liée aux hépatites virales pour les patientes et pour les fœtus et nouveau-nés - Connaître les différentes hépatites virales - Connaître leurs modes de transmission respectifs - Connaître les moyens de prévention de la patiente et de son entourage - Connaître les moyens de prévention de la patiente au cours de la grossesse - Connaître les prises en charges thérapeutiques existantes et les nouveaux traitements en Autorisation Temporaire d’Utilisation et le suivi - Appréhender les comorbidités