L’imagerie cardiaque multimodalité pour le diagnostic et la prise en charge des complications cardiaques et vasculaires des patients atteints de cancer
Formation proposée par odp2c
Objectifs professionnels
Résumé Les patients atteints
de cancer sont exposés à de nombreuses complications cardiaques et vasculaire
incluant les atteintes myocardiques (dysfonction systolique du ventricule
gauche et/ou épisode d’insuffisance cardiaque) secondaires à l’administration
des chimiothérapies (anthracyclines, thérapies ciblées,immunothérapies), les
atteintes vasculaires liées à l’implantation des voies veineuses centrales
(thrombose de catheter, thrombose intra vasculaire), les atteintes valvulaires
(endocardite infectieuse, endocardite marastique, atteintes valvulaires
carcinoide) et les métastases cardiaques. En complément de la
démarche diagnostique clinique, l’imagerie multi-modalité cardio-vasculaire
(IMMCV) joue un rôle central dans l’évaluation de chacune de ces complications
évolutives qui peuvent émailler la prise en charge des patients atteints de
cancer. L’IMMCV quelle que soit sa modalité
(échocardiographie, scanner cardiaque, IRM cardiaque, médecine nucléaire) a
acquis une place centrale dans la prise en charge des patients atteints de cancer
exposés à une chimiothérapie ou prise en charge oncologique potentiellement
cardiotoxique (1-. Elle participe à l’évaluation du
risque de toxicité en amont de l’administration d’une chimiothérapie
potentiellement cardiotoxique (anthracycline, thérapie ciblée), à la
description et l’évaluation des complications aiguës pendant l’administration
de la chimiothérapie et permet le suivi à long terme (
2-. Le principal rôle assigné à l’imagerie par les
recommandations les plus récentes de l’ESC est de participer à l’évaluation du risque de toxicité
myocardique notamment lié à la prescription des anthracyclines et thérapies ciblées (anti HER, IBTK, anti MEK,
inhibiteurs du protéasome, inhibiteurs BCR/ABL). La myocardite aiguë immunomédiée
constitue la principale complication cardiaque secondaire à l’administration
des immunothérapies. Cette complication rare dont l’incidence varie entre 0.5
et 1 %, est associée à une mortalité importante estimée entre 30 et 50 % en
l’absence de diagnostic précoce et d’une prise en charge adéquate. La connaissance des modalités diagnostiques
et de prise en charge de cette entité est donc indispensable pour les médecins
impliqués dans le parcours de soins des patients atteints de cancer. Les facteurs de risque de cette
toxicité, la présentation clinique, ECG, biologique et des paramètres
d’imagerie font des myocardites immunomédiées une entité à part entiere,
nécéssitant un raisonnement spécifique et particulier qui ne peut être déduit
de celui des myocardites d’autres étiologies notamment virale. Ainsi, l’échographie
cardiaque et la TEP FDG n’ont qu’un rôle tres limité pour le suivi des patients
traités par immunothérapie. Les critères diagnostiques proposés par l’ESC insistent
sur l’intérêt d’une approche combinant à la fois les paramètres cliniques, ECG,
biologiques et d’imagerie (IRM cardiaque) pour aboutir au diagnostic de
myocardite immunomediée. Dans ce contexte, les forces, limites, et la juste prescription
de chacun des examens d’imagerie doivent
êtres connus, identifiés et pris en compte afin de savoir proposer et avoir
recours à la réalisation d’une biopsie endomyocardique pour aboutir au
diagnostic notamment lorsque celui-ci n’a pu être réalisé de manière non
invasive. Cependant,
l’utilisation de l’imagerie multimodalité en cardio-oncologie ne saurait être
limitée ou réduite à ce rôle unique de dépistage de la toxicité cardiaque des
chimiothérapies. Les
patients atteints de cancer sont exposés à de nombreuses autres complications cardiaques
et vasculaires qu’il est important de savoir suspecter cliniquement et
confirmer par l’imagerie. L’imagerie
et notamment dans sa déclinaison multimodale a pris une place importante dans
le bilan des masses, thromboses et métastases cardiaques permettant dans la
plupart des situations rencontrées en pratique clinique une évaluation non
invasive, limitant le recours à la biopsie. L’incidence des métastases cardiaques
est diversement appréciée dans la littérature influencée par la population
prise en compte et les modalités d’évaluation (imagerie vs post mortem) variant
de 2,3 % à 18 %. Tous les types et site tumoraux peuvent en théorie métastaser
au cœur, par des voies et mécanismes divers incluant les extensions par
contiguïté, par voie hématogène (artérielle ou veineuse) et lymphatique. Les
données issues des études autopsiques montrent que l’ensemble des tuniques
cardiaques peuvent être potentiellement impliquées dans les processus
métastatiques et que le péricarde est la structure la plus fréquemment atteinte.
Les tumeurs médiastinales et les mélanomes sont les 2 principales tumeurs
pouvant se compliquer de métastases cardiaques. Une étude italienne portant sur 7289
patients avec un cancer et autopsiés retrouvait une incidence des métastases
cardiaques de 9,1 % (ref) Les taux de métastases sont les plus
élevés pour les mésotheliomes pleuraux (48,4 %), que pour les mélanomes (27,8 %),
les adénocarcinomes (21%), les carcinomes indifférenciés (19.5%), les cancers
du sein (15.5%), les carcinomes ovariens (10.3%), les lymphomes (9.4%), les carcinomes broncho alvéolaires
(9.8%), les tumeurs gastriques (8%), les cancers du rein (7.3%) et
pancréatiques (6.4%). Près de 70 % des métastases sont localisées au péricarde,
30 % au myocarde et à l’épicarde, seules 5 % sont localisées à l’endocarde. La démarche diagnostique chez un
patient atteint de cancer et présentant une masse cardiaque et/ou suspicion de
métastases cardiaque et/ou de thrombose intracardiaque doit reposer sur une
évaluation multimodale s’appuyant sur des examens de premières lignes que sont l’échocardiographie,
le plus souvent avec injection de contraste (microsphères d’hexafluorure de soufre), l’échographie
transoesophagienne permettant de guider le recours à l’imagerie de coupe (IRM
cardiaque et scanner cardiaque) et à la médecine nucléaire (scintigraphie au 18
FDG ou TEP DOPA). Une stratégie combinant de manière hiérarchique l’échographie
cardiaque, l’imagerie de coupe et la TEP FDG permet une caractérisation pertinente de la nature
bénigne ou maligne d’une masse cardiaque lorsqu’elle était comparée à l’analyse
histologique Bien que rares chez les patients pris
en charge pour un cancer, les atteintes valvulaires ne doivent pas etre négligées
ou méconnues. Elles sont représentées essentiellement par les endocardites
marastiques, les atteintes valvulaires liées au syndrome carcinoïde Le
diagnostic d’endocardite marastique reste difficile, l’entité est rare, les
données dans la littérature limitées. Le diagnostic repose le plus souvent sur
une faisceau d’arguments combinant les données clinique, biologiques,
microbiologiques et les données d’imagerie. Le cœur
carcinoïde (CC) est caractérisé par une atteinte valvulaire le plus souvent du
cœur droit (60 à 70 % des cas), plurivalvulaire (55 à 60 % des cas) pouvant
entrainer le plus fréquemment une fuite valvulaire parfois severe. L’incidence des atteintes cardiaques au cours
des TNE est estimée entre 20 et 35 % en cas de syndrome carcinoïde et peut
parfois être présent au diagnostic de la TNE voir en être le mode de révélation
. Il vient compliquer l’évolution des patients pris en charge pour une tumeur
neuroendocrine (TNE). Il constitue la deuxième cause de décès des patients
atteints de tumeur neuro-endocrine. Le diagnostic de l’atteinte cardiaque au
cours du syndrome carcinoïde est le plus souvent difficile notamment à un stade
précoce et débutant de la maladie. Nous proposons dans ce programme de
DPC de décrire et de préciser le rôle de l’imagerie multimodalité
cardiovasculaire lors des différents temps de prise en charge des patients
atteints de cancer notamment pour l’évaluation de la toxicité myocardique des
chimiothérapies et d’approfondir le rôle de l’imagerie multimodalité dans des
situations spécifiques de l’activité de cardio-oncologie représentée par le
bilan des masses, thromboses et atteintes valvulaires. OBJECTIFS
GENERAUX · Connaitre les
modalités et le rythme de suivi des patients exposés à une chimiothérapie cardiotoxique. · Connaitre le rôle et
la hiérarchisation des examens d’imagerie pour le diagnostic des myocardites
immunomediées. · Connaitre la place
et la hiérarchisation des examens d’imagerie pour le diagnostic des métastases
cardiaques. · Savoir différencier
à l’aide de l’imagerie multimodalité les métastases cardiaques des thromboses
de l’oreillette droite. · Savoir évoquer et
différencier une endocardite marastique d’une endocardite infectieuse. · Savoir évoquer une
atteinte valvulaire carcinoïde dans le
contexte d’un patient pris en charge pour une tumeur neuro-endocrine. OBJECTIFS SPECIFIQUES · Connaitre les
modalités et le rythme de suivi des patients exposés à une chimiothérapie
cardiotoxique par anthracyclines ; · Connaitre les
modalités et le ryhtme de suivi des patientes exposées à une chimiothérapie cardiotoxique
par anti HER 2 dans le cadre de la prise en charge d’un cancer du sein · Connaitre les
modalités et le rythme de suivi des patients exposés à une chimiothérapies
cardiotoxiques par thérapies ciblées (ITK, IP, IBTK, i VEGF) · Connaitre les
modalités et le rythme de suivi des patients exposés à une chimiothérapie cardiotoxique
par immunothérapies (anti CTLA4, anti PD1, anti PDL1- · Connaitre les
limites de l’IRM cardiaque pour le diagnostic des myocardites immunomédiées · Connaitre les
limites du TEP FDG pour le diagnostic des myocardites immunomédiées · Connaitre la place
de la biopsie endomyocardique pour le diagnostic des myocardites immunomédiées Connaitre le rôle complémentaire de l’échographie
(transthoracique, transoesophagienne, de contraste) de l’imagerie de coupe et
du TEP FDG pour le diagnostic de
métastase cardiaque