La douleur constitue une expérience complexe, définie comme une « expérience sensorielle et émotionnelle aversive généralement causée par, ou ressemblant à celle causée par une lésion tissulaire réelle ou potentielle» (International Association for the Study of Pain, 201
9-, à la fois universelle et totalement intime, à la fois objective et subjective. La définir reste un exercice difficile auquel se sont confrontés les champs de la philosophie, de la médecine, de l’éthique, avant qu’elle ne soit incluse à part entière dans le champ de la santé publique.
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (201
6-, 30% des adultes souffrent de douleurs chroniques et 7% de douleurs neuropathiques. Les douleurs affectent principalement le dos, le cou et les épaules, les membres, la tête (par exemple : près de 11 millions de personnes souffrent de migraines), l’abdomen. Elles sont souvent associées à des dépressions, une anxiété, des troubles du sommeil et une altération de la qualité de vie. De par cet impact et les recours au système de soins induits, la douleur a un coût socio-économique élevé. La douleur serait à l’origine de près de deux tiers des consultations médicales, c’est pourquoi elle est l’objet de nombreuses recherches, aussi bien fondamentales que cliniques, ainsi que de nombreuses recommandations gouvernementales et de sociétés savantes.
La prévention et la lutte contre la douleur sont des préoccupations prégnantes soulignées au niveau de la Stratégie Nationale de santé 2018-2022, avec notamment comme priorités la prévention par la reconnaissance de la vulnérabilité à la douleur et la vulnérabilité du patient douloureux chronique, l’amélioration du parcours du patient douloureux, la reconnaissance de la douleur symptôme et la douleur maladie pour apporter des réponses adaptées, la prévention des douleurs aiguës provoquées par les soins, le développement d’une évaluation de la douleur afin d’assurer un suivi et une adaptation du projet thérapeutique, et le renforcement de la place des usagers.
L’amélioration de la prise en charge de la douleur est donc naturellement incluse dans les orientations nationales prioritaires du Développement Professionnel Continu des professionnels de santé.
Comme le souligne la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), « la France a été pionnière dans l’amélioration de la prise en charge de la douleur, avec notamment un engagement des pouvoirs publics qui s’est traduit par plusieurs plans « douleur » successifs ». Dans cette lignée, le Plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur 2006 – 2010 préconise une « formation renforcée des professionnels de santé » (Ministère de la santé et des solidarités, 200
6-.
Parallèlement, la prise en charge de la douleur chronique s’organise par le développement des Structures spécialisées en Douleur Chronique (SDC), celles-ci n’étant accessible qu’en second recours, et par ailleurs saturées. Les acteurs de premiers recours ont un rôle capital à jouer en matière de diagnostic, de traitement et de suivi, en coordination avec ces structures, afin de faciliter et fluidifier le parcours du patient douloureux.
Par ailleurs, de nombreuses recommandations de bonnes pratiques ont été élaborées, à destination des professionnels de santé : consacrées à la douleur chronique par la Haute Autorité de Santé (H- 2008 et 200
9-, à la douleur post opératoire par la Société Française d’Anesthésie-Réanimation (SFAR, 201
6-, aux bonnes pratiques pour les SDC (SFEDT, 201
9-.
Les infirmiers à domicile sont confrontés quotidiennement à la douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique, parfois provoquées par les soins, notamment en post opératoire ou dans le domaine de la cancérologie. Les soins infirmiers sont également régulièrement pourvoyeurs de douleurs aiguës qui peuvent être gérées et prévenues par des techniques pharmacologiques sur prescription médicale, par des méthodes non médicamenteuses mises en œuvre par des professionnels spécifiquement formés, ou encore par des précautions lors des manipulations. Ces douleurs présentent évidemment un potentiel anxiogène et traumatisant pour le patient.
Aborder la douleur c’est justement avant tout resituer le patient comme sujet central de l’expérience subjective de sa douleur, de sa maladie. L’approche à privilégier par les équipes soignantes est donc d’une part holistique car la douleur est toujours incluse dans un contexte psycho-social et d’autre-part, conceptualisée dans un partenariat prenant en compte l’expérience du patient. Les infirmiers à domicile se doivent ainsi de développer des compétences spécifiques dont l’écoute active, l’information professionnelle adaptée, les techniques d’évaluation de la douleur, la maîtrise des thérapeutiques et de leurs effets (médicales ou alternatives), l’éducation du patient et la coordination des soins, qui forment autant de piliers d’une efficience des soins.
Ce programme de DPC est une action de formation continue au format présentiel d’une durée de 2 jours destiné aux infirmiers.
Il a pour finalités :
- Reporter le suivi des patients en ville par des professionnels de soins primaires mieux informés si les conditions le permettent et en partenariat avec les SDC
- Fluidifier le parcours de santé en le simplifiant et en impliquant notamment les infirmières qui, mieux formées à la douleur chronique, pourront ainsi mieux accompagner le projet thérapeutique incluant des thérapies médicamenteuses et non médicamenteuses
-
Afin d’atteindre ces objectifs de transformation des pratiques, le programme est décliné en objectifs pédagogiques intermédiaires, formulés en termes de capacités pour les participants pendant l’action de formation :
- Objectif 1 : Explorer ses représentations et ses besoins en formation dans le domaine de la douleur
- Objectif 2 : Renforcer ses compétences sur la détection des symptômes de la douleur pour améliorer la pertinence et la qualité des prises en charge
o Séquence 1 : Identifier les mesures stratégiques nationales relatives à la lutte contre la douleur
o Séquence 2 : Réactiver ses connaissances sur les mécanismes de la douleur et ses composantes
o Séquence 3 : Différencier douleur symptôme et douleur maladie
o Séquence 4 : Analyser les facteurs de risque de chronicité
o Séquence 5 : Reconnaitre les types de douleur pour identifier les patients à risque
o Séquence 6 : Choisir les outils d’évaluation de la douleur adaptés pour améliorer la prise en charge du patient douloureux
- Objectif 3 : Identifier les stratégies thérapeutiques à disposition dans la prise en charge de la douleur
o Séquence 1 : Lister les stratégies médicamenteuses, leurs indications, leurs modes d’action et leurs effets indésirables
o Séquence 2 : Inventorier les stratégies thérapeutiques non médicamenteuses
- Objectif 4 : Maitriser les bonnes pratiques en soins infirmiers pour concourir à la réussite du projet thérapeutique
o Séquence 1 : Repérer les compétences infirmières relatives à la prise en charge de la douleur
o Séquence 2 : Savoir mettre en œuvre l’administration des thérapeutiques prescrites
o Séquence 3 : Intégrer les surveillances infirmière de l’efficacité de la stratégie thérapeutique et de ses effets indésirables
o Séquence 4 : Mobiliser son rôle éducatif auprès du patient douloureux
o Séquence 5 : Identifier les outils de communication adaptés pour mettre en œuvre des soins relationnels pertinents auprès d’un patient douloureux
o Séquence 6 : Intégrer dans sa pratique des moyens pertinents de prévention de la douleur liée aux soins
- Objectif 5 : Connaitre le parcours de santé du patient douloureux chronique et identifier sa place et son rôle au sein de ce parcours
o Séquence 1 : Identifier les différents professionnels impliqués dans le parcours du patient et leur rôle
o Séquence 2 : Reconnaître le rôle des structures spécialisées en douleur chronique (SDC)
o Séquence 3 : Intégrer le rôle du patient dans sa prise en charge
- Objectif 6 : Établir un bilan de ses acquis et un plan d’amélioration de ses pratiques suite à la formation
o Séquence 1 : Établir un bilan de ses acquis
o Séquence 2 : Élaborer un plan d’actions d’amélioration de ses pratiques
o Séquence 3 : Relier la méthodologie des indicateurs de suivi de qualité et de sécurité des soins avec son plan d’amélioration des pratiques
Ce programme comporte les éléments de contenu suivants, appuyés notamment sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé et de la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur :
- Représentations individuelles et besoins en formation
- Politique de santé menée en France en matière prévention et de lutte contre la douleur
- Rappels sur les mécanismes douloureux
- Douleur-symptôme/douleur-maladie
- Les différents types de douleurs : aiguës, chroniques, provoquées par les soins
- Facteurs de risque de chronicisation
- Dépistage des patients vulnérables
- Evaluations cliniques : les échelles d’évaluation adaptées selon le type de douleur et le patient
- Le projet thérapeutique : stratégies thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses
- Les bonnes pratiques en soins infirmiers : champ de compétences, administration médicamenteuse (injectables et non injectables), surveillances, éducation, relation et communication avec le patient douloureux
- Prise en charge et prévention de la douleur aiguë provoquée par les soins
- Le parcours de santé du patient douloureux : les professionnels impliqués ; les SDC, conditions d’accès, modalités d’adressage et coordination ; l’expérience patient et les associations d’usagers
- Bilan des acquis et plan d’amélioration des pratiques professionnelles
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