En France, la prévalence de l’insuffisance cardiaque (IC) est estimée à 2.3% de la population adulte. Plus d’un million de personnes est atteinte de cette pathologie et 120 000 nouveaux cas sont identifiés chaque année (1-. Le risque d’être atteint de cette pathologie à 55 ans est de 33% pour les hommes et de 28% pour les femmes (

2-. L’insuffisance cardiaque est également à l’origine de 165 000 hospitalisations annuelles et 25% des patients insuffisants cardiaques sont ré-hospitalisés à 3 mois pour le même motif (

3-. Il s’agit d’une pathologie chronique grave, dont la mortalité à un an est de 14% pour les hommes et 11% pour les femmes (

4-. Elle est comparable à celle des cancers (

5-. Le pronostique de ces patients s’assombrit avec le temps, au fil des hospitalisations. En 10 ans, le nombre de patients insuffisants cardiaques a augmenté de 30% (

7-. On peut penser que cette prévalence va encore augmenter, du fait du vieillissement de la population, mais aussi grâce à l’amélioration de la prise en charge des autres pathologies cardiaques qui ont un pronostic immédiat moins sombre, mais qui évoluent vers l’insuffisance cardiaque à plus long terme (notamment les pathologies ischémiques et rythmiques). L’insuffisance cardiaque a un impact économique majeur : en 2007, le montant des remboursements effectués par les caisses d’assurance maladie pour les patients en ALD pour cette pathologie s’élève à 1,6 milliards d’euros (

8-. Cette pathologie constitue une priorité de santé publique ignorée, car peu connue du grand public et donc probablement sous diagnostiquée, comme le révèle l’étude du GICC en 2017. La prévalence de l’IC serait en réalité de 3,6%, soit environ le double des chiffres officiels (

9-. Ce sous diagnostic n’est pas facilité depuis 2016, avec une nouvelle classification de l’IC basée sur la fraction d'éjection, avec la distinction d'une nouvelle catégorie : l'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection modérément altérée. Celle-ci est définie par une fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) entre 40 et 50 %. Elle se situe entre l'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection diminuée (FEVG ≤ 40 %) et l'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée (FEVG≥50%). Cette classification nécessite une analyse rapide et faible de ce paramètre appréhendé essentiellement par échocardiographie. Au-delà du diagnostic, un autre écueil existe dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque qui concerne l’insuffisance de prescription en termes d’association de molécules, mais aussi par rapport aux doses cibles. Historiquement, la prise en charge de l’IC à FEVG réduite repose sur l’association d’un bétabloquant (11-, d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) (1

2- (1

3- ou d’un antagoniste du récepteur de l’angiotensine II (ARAII) (1

4-. La titration de chaque molécule doit être réalisée jusqu’à la dose maximale tolérée. A partir d’une FEVG ≤ 35%, chez les patients qui restent symptomatiques, l’adjonction d’un antagoniste du récepteur minéralocorticoïde (ARM) permet une réduction de la mortalité et une diminution de la fréquence des hospitalisations (1

5- (1

6-. Cependant, la couverture thérapeutique reste insuffisante. En effet, d’après les données de la caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM), moins de 20% des patients insuffisants cardiaques à FEVG réduite sont traités par une trithérapie associant un inhibiteur de l’enzyme de conversion, un bétabloquant et un diurétique (

8-. Pour tenter d’améliorer ces déficits de prise en charge, les toutes dernières recommandations ESC 2021 dans le domaine de l’insuffisance cardiaque proposent une approche médicamenteuse très agressive avec une simplification des algorithmes décisionnels et incitent en une quadrithérapie à mettre en place très tôt dans l’évolution de la maladie (1

7- Outre les classes médicamenteuses validées depuis 2016, les Gliflozines font leur apparition dans cette quadrithérapie après la publication de l’étude Emperor (1

8-. Pour une mise en œuvre la plus rapide possible des thérapies médicamenteuses, le diagnostic d’IC ne souffre d’aucun retard. L’échocardiographie est l’outil le plus puissance pour identifier avant l’apparition des premiers épisodes de décompensation, l’altération de la fonction systolique. Dans le monde de la cardiologie générale, l’échocardiographie est le prolongement de l’examen clinique à disposition de la majorité des praticiens. L’évaluation échocardiographique du patient insuffisant cardiaque permet d’obtenir des informations fondamentales à sa prise en charge optimale : 1- le niveau de dysfonction ventriculaire gauche avec une approche multiparamétrique d’analyse de la fonction systolique permet la stratification des groupes ICFEP et ICFER,

2- le niveau de pressions de remplissage et de volémie, pour adapter les diurétiques,

3- les facteurs pronostiques d’évolution péjorative de la maladie, afin de densifier la surveillance,

4- le diagnostic d’une insuffisance mitrale sévère et l’évaluation de ses mécanismes, pour proposer un traitement spécifique comme le Mitraclip (1

9-. Les progrès technologiques réalisés dans le domaine des appareillages ultrasonores depuis 10 ans permettent d’optimiser la fiabilité de l’ensemble de ces paramètres en associant les techniques de strain et de 3D/4D. Ces évolutions se répandent sur une majorité de plateforme ultrasonore sans être souvent utilisées à la hauteur de leurs possibilités qu’il s’agisse de l’analyse de la morphologie et de la fonction cardiaque jusque dans le domaine de l’étude valvulaire (20,2

2-. Ce programme DPC propose ainsi une mise à jour des connaissances dans la prise en charge des patients insuffisants cardiaques au vu des dernières recommandations 2021 intégrant autant les éléments diagnostiques principalement échocardiographiques que l’optimisation de la thérapeutique médicamenteuse et interventionnelle quand nécessaire Nous chercherons à transmettre des clés de prise en charge simples et claires, directement applicable au quotidien, et nous tiendrons compte pour cela des dernières publications et recommandations à travers un programme intégré incluant une approche présentielle, des supports digitaux et de l’EPP. A l’issue du programme, les participants doivent être capables : - De maîtriser la démarche diagnostique et les examens complémentaires à prescrire devant une suspicion d’insuffisance cardiaque - Connaître des dernières recommandations des sociétés savantes - Connaître les thérapeutiques à mettre en œuvre (médicaments, règles hygiéno-diététiques, hospitalisation) - Savoir évaluer une fonction systolique en échocardiographie 2D, 3D, et strain - Savoir évaluer les pressions de remplissage, les pressions pulmonaires et la volémie - D’analyser les structures valvulaires mitrales et tricuspides - D’orienter la prise en charge des patients en fonction des éléments diagnostiqués par ETT - D’utiliser les ultrasons dans un but diagnostique, technique ou d’évaluation thérapeutique - De maîtriser l’environnement et les dispositifs techniques (Mitraclip) liés à la prise en charge du patient De s’approprier et mettre en œuvre de façon efficiente les actes liés à la prise en charge du patient (suivi clinique et biologique du patient insuffisant cardiaque)