Arrêt de travail après cure chirurgicale du canal carpien : pour une meilleure pertinence de ses prescriptions
Formation proposée par ODPC-COT
Objectifs professionnels
I Intitulé : Arrêt de travail après cure chirurgicale du canal carpien : pour une meilleure pertinence de ses prescriptions dans le cadre de l’orientation N°13 : évaluation et amélioration de la pertinence des soins
2 Finalité du programme : ce projet entre dans le cadre de la maitrise dans la prescription des arrêts de travail, dans le cadre de l’orientation N°13 ( le canal carpien faisant partie des 10 actes prioritaires)
Formation non présentielle avec un audit pré formation, une soirée de réunion en non présentiel, audit post formation regroupant des chirurgiens orthopédistes et plus spécialement les chirurgiens de la main
Durée totale de l’action : 6 heures
3 Justification du programme
Le syndrome du canal carpien est actuellement, après la chirurgie de la cataracte, l’intervention la plus pratiquée en France : 125000 en 2018.
Celui-ci survient le plus souvent chez des patients en exercice professionnel, et va donc donner lieu à un arrêt de travail dans environ 52% des cas. Ce qui représente donc 65000 patients arrêtés chaque année.
Les statistiques de la CPAM retrouvent une durée moyenne actuelle de 86 jours, avec des variations entre 1 et 500 jours !! En cas de maladie professionnelle par exemple, avec notion d’utilisation répétitive des mains dont on sait qu’elle favorise le développement d’un canal carpien, (1-, cette durée moyenne passe de 86 à 150 jours. Cela représente (5590.000 journées d’arrêt. Les conséquences sociales et financières sont donc considérables.
En 2009, la CPAM a publié un dossier sur les durées d’arrêt de travail « conseillées », en fonction d’une part du caractère plus ou moins manuel de la profession, mais de la technique utilisée (soit technique à ciel ouvert soit technique endoscopique (
2-. Cette brochure a fait l’objet de contestations au sein de la société française de chirurgie de la main, ce d’autant que des publications semblaient au contraire montrer que la technique n’influençait que peu le temps d’arrêt (
3-. Le rapport ANAES de 2000(
4- n’avait d’ailleurs, lui, pas retrouvé de différence en fonction de la technique (
4-. Alors qu’au contraire, un rapport interne semblait confirmer, toutes choses étant égales par ailleurs, qu’en cas de M.P. le temps d’arrêt était doublé (
5- .
Il n’empêche que les durées d’arrêt de travail préconisées (6 semaines en cas de charges répétitives, 4 semaines en cas de travail en cas de sollicitation modérée de la main, 2 semaines en cas de travail sédentaire), semblant suffisantes, sont bien au-dessous de la réalité. Qu’est ce qui fait donc que la durée réelle est plus du double de celle préconisée ?
Le chirurgien doit donc évaluer les durées d’arrêt de travail qu’il donne, analyser les variations, et s’améliorer, il s’agit d’une enjeu majeur dans le cadre de la pertinence de la prise en charge de cette pathologie
En Rhône Alpes, un travail prospectif a été effectué en 2011, pour déterminer quelles étaient les causes des si grandes variations de durées d’arrêt de travail après chirurgie du canal carpien. Ce travail a fait l’objet d’un symposium en juin 2011 durant un congrès médical français (la SOTEST) (
6-. Ce travail a été fait en collaboration avec le service médical de la CNAMTS, dont le secteur statistique a analysé les résultats. Les conclusions en étaient les suivantes :
- La durée d’arrêt de travail reste très variable entre 1 et plus de 400 jours
- La première cause d’arrêt de travail plus prolongé est le caractère plus ou moins manuel de la profession
- Les salariés du secteur privé s’arrêtent plus que les salariés du secteur public ou que les fonctionnaires
- Les maladies professionnelles doublent le temps d’arrêt, mais du fait du caractère manuel lourd associé à la reconnaissance en maladie professionnelle
- Les durées d’arrêt de travail sont directement corrélées à la durée annoncée par le chirurgien en pré opératoire
- En revanche la technique (endoscopique ou conventionnelle) n’influence pas la durée d’arrêt de travail.
- Si une prolongation est prescrite par le médecin généraliste, elle sera en moyenne le double de celle prescrite par le chirurgien.
Au terme de ce symposium, et en collaboration avec la CNAMTS régionale, une nouvelle grille de durée d’arrêt de travail a été proposée par les orateurs de la table ronde, qui correspond en fait à celle de l’assurance maladie « chirurgie à ciel ouvert »
Rien qu’en Rhône Alpes, le coût directement lié aux indemnités journalières pour 2018 était de 30,1 millions. A l’échelle de la France cela représente donc plus de «350 millions d’euros par an.
La revue de la littérature est assez pauvre. L’article principal de Francis Chaise (
7- retrouvait des durées d’arrêt de travail très diverses, avec des différences semblant liées à l’exercice professionnel, le type de travail et le statut social mais aucune analyse poussée n’avait été effectuée. Sinon très peu d’articles publiés, les quelques articles américains n’étant pas utilisables du fait de systèmes de protection sociale différents.
Nous avons donc été surpris de constater que les pratiques entre chirurgiens, toutes choses étant égales par ailleurs, par habitude ou méconnaissance, était l’une des trois causes principales (avec le type de travail et la personne effectuant la prolongation) d’allongement de la durée d’arrêt de travail§
Ainsi dans l’étude régionale de la SOTEST (qui a regroupé 25 chirurgiens de la main), l’un des chirurgiens donnait systématiquement, « sans discuter », 8 semaines d’arrêt de travail !
A travers cette action il nous a semblé fondamental de sensibiliser les chirurgiens sur ces données. Le but de ce projet est le suivant :
Objectif principal : évaluer et améliorer, dans le cadre de la prise en charge du syndrôme du canal carpien opérés, la durée d’arrêt de travail prescrite pour se conformer aux objectifs de l’assurance maladie
- Evaluer la durée de travail moyenne prescrite ainsi que les écarts d’arrêt de travail après cure chirurgicale du canal carpien
- Sensibiliser les chirurgiens par une formation non présentielle sur les facteurs influençant la durée d’arrêt de travail, et notamment l’annonce pré opératoire
- Donner aux chirurgiens des éléments précis sur les durées d’arrêt de travail conseillées en fonction de ces facteurs différentiels pour la phase suivante
- Donner aux chirurgiens les éléments leurs permettant de réduire cette durée
- Effectuer un travail d’audit pré puis post formation à la lumière de ces données pour adapter justement le temps d’arrêt de travail (le but étant de réduire le nombre de journées d’arrêt de travail mais surtout que chaque arrêt soit justifié et cohérent avec le patient)
Nous avons opté pour une formation purement non présentielle, avec un travail sur site (sur espace personnel anonyme)
4 Objectifs généraux
A l’issue du programme, les participants doivent être capables de :
- Connaitre les durées moyennes d’arrêt de travail après cure chirurgicale du canal carpien
- Connaitre les éléments susceptibles de modifier ces durées
- Savoir annoncer au patient en pré opératoire d’une manière juste la durée d’arrêt de travail future probable
- Savoir collaborer avec le médecin généraliste, en cas de prolongation, pour limiter au maximum celle-ci
- Au final réduire de manière conséquente la durée d’arrêt de travail après cure chirurgicale du canal carpien
5 Méthodes
La méthode utilisée sera celle de l’audit clinique dans un premier temps. Le second temps consistera en la mise en commun partagée des résultats de cet audit, appuyé par les résultats de l’étude régionale présentée en juin 2011. Enfin un nouveau recueil de données par audit clinique permettra de valider l’amélioration en termes de réduction substantielle de la durée d’arrêt de travail. Les deux audits étant non présentiels, par l’intermédiaire de notre site internet .
6 Messages
- La durée moyenne d’arrêt de travail est de 86 jours après cure chirurgicale du canal carpien
- La durée moyenne d’arrêt de travail en cas de maladie professionnelle est de 150 jours
- Les variations peuvent être considérables, en l’absence de complication
- Le facteur principal d’allongement de la durée est la caractère très manuel et répétitif de la profession du patient
- Le second facteur essentiel est la durée annoncée en préopératoire, qui influence directement cette durée
- Le troisième facteur est la personne qui fera une éventuelle prolongation, qui sera doublée si c’est le médecin généraliste qui la fait
- La technique chirurgicale n’influence pas cette durée
- La durée d’arrêt, fonction du travail du patient, doit être annoncée de manière juste et adaptée
- Le médecin généraliste doit être informé de la nécessité d’une collaboration en cas de nécessité de prolongation.