L’infection sur prothèse est une complication grave qui nécessite obligatoirement un traitement chirurgical, associé à un traitement antibiotique prolongé[1]. Cependant, le retrait des implants articulaires, même provisoire, rend difficile la restauration ad integrum de la fonction articulaire et entraine des complications liées à l’inactivité de l’articulation ainsi qu’au décubitus. Ces reprises en deux temps ont en outre un taux de mortalité importants de 6,5% Le principal facteur déterminant la possibilité de conserver le matériel prothétique tient à l’existence du biofilm et à ses caractéristiques[2–4]. Les bactéries et champignons possèdent deux phases de développement, une phase de dissémination et une phase de croissance. Pendant la phase de dissémination, notamment dès la contamination, les bactéries sont sous forme libre ou planctonique. Cette forme leur permet d’être mobiles mais les maintient vulnérables, notamment vis-à-vis d’un traitement antibiotique. Dès le processus d’adhésion sur la surface de l’implant, les bactéries produisent une matrice exopolysaccharidique qui leur permet de se fixer fermement et de se multiplier, étant protégées de l’environnement extérieur. Cette organisation, le biofilm, permet la phase de croissance. Une fois le biofilm constitué, si le milieu le permet, des bactéries pourront se détacher du biofilm pour redémarrer une phase de dissémination. La fabrication du biofilm démarre ainsi dès les premières heures de la contamination, mais un biofilm avec toutes ses caractéristiques de résistance nécessitera plusieurs jours voire plusieurs semaines. Le traitement de l’infection sera conditionné à l’éradication du biofilm, la phase planctonique étant accessible à un traitement antibiotique. Le biofilm entraine une plus grande résistance des bactéries aux antibiotiques (nécessitant des concentrations antibiotiques de cent à mille fois supérieures à la Concentration Minimale Inhibitrice[5,6], ce qui est difficile sans devenir iatrogène avec une administration per os ou intra veineuse), mais également au système immunitaire, étant quasi-imperméable aux anticorps et phagocytes. Il existe cependant des disparités entre les biofilms des différents pathogènes et l’action des antibiotiques ; ainsi la rifampicine, la vancomycine et la daptomycine ont montré leur efficacité à pénétrer le biofilm des staphylocoques. Le traitement de l’infection sur prothèse avec conservation des implants est généralement appelé DAIR en anglais (Débridement, Antibiotics and Implant Retention, débridement, antibiotiques et conservation des implants) ou I/R (Irrigation and Retention of implants, irrigation et conservation des implants). Un point important du traitement chirurgical étant la synovectomie, les Centres Référents en Infection Ostéo-Articulaire complexe (CRIOAc) parlent souvent de synovectomie-lavage, la conservation des implants étant implicite. Cependant un certain nombre de critères exclusifs limitent les chances de succès de cette technique Déjà il faut distinguer les infections post opératoire qui sont d'un meilleur pronostic que les infections hématogènes Il faut ensuite savoir que ce type de reprise doit être fait très précocement ( 3 semaines après l'apparition des premiers signes). Ce geste doit être fait par arthrotomie, l'arthroscopie ne donnant pas de bons résultats. Et surtout ce geste ne peut être fait que si le germe est un germe actif sur les biofilms: rifampicine,daptomycine, vancomycine pour les staphylocoques, fluoroquinolones pour les bacilles gram moins, l'idéal étant d'avoir ces résultats avant l'acte de reprise L'objectif principal de cette action est : connaître les modalités et les chances de succès d'une reprise sur infection articulaire avec conservation des implants Les objectifs secondaires sont: - connaître les éléments contrindiquant ce geste de conservation - connaitre les pourcentages de succès prédictifs de cette intervention - connaitre les germes actifs sur le biofilm - connaître les deux classifications prédictives du risques d'échec ou de succès de ce geste -connaitre la technique chirurgicale de synovectomie lavage -connaitre l'algorythme décisionnel fixant les indications de cette technique