La prise en charge de l’insuffisance cardio-respiratoire (ICR) aiguë représente un défi clinique majeur, nécessitant une approche multidisciplinaire intégrée. Les chirurgiens thoraciques et cardio-vasculaires, en collaboration étroite avec les perfusionnistes, les médecins anesthésistes-réanimateurs, les médecins intensivistes et les cardiologues, jouent un rôle crucial dans ce processus. Face à des situations critiques telles que le choc cardiogénique, l’arrêt cardiaque ou le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), l’implantation d’une ECMO (DACM de courte durée) devient souvent indispensable. L’expérience accumulée, particulièrement mise en évidence lors de la pandémie de COVID-19 ainsi que de nombreux publications récentes incluant des études prospectives randomisées et des recommandations d’experts, a permis d’affiner les indications, les techniques d’implantation, les modalités de suivi, ainsi que les critères de sevrage et d’ablation des ECMO. Cette évolution souligne l’importance de développer des parcours de soins multidisciplinaires protocolisés efficaces, tant au niveau des centres de référence que régionalement. L’ECMO permet d’assurer une suppléance circulatoire et/ou respiratoire avec deux configuration possible : (1- L’ECMO veino-artérielle (ECMO V-A) permettant une suppléance circulatoire et respiratoire indiquée dans le choc cardiogénique et l’arrêt cardiaque et (

2- L’ECMO veino-veineuse (ECMO V-V) permettant une suppléance respiratoire indiquée dans le SDRA. Le choc cardiogénique (CC) est associé à un risque élevé de mortalité, estimé à 50% dans les 6 à 12 mois suivant l'événement. Ce risque élevé persiste malgré la disponibilité généralisée des techniques de revascularisation précoce dans le contexte du CC lors d'un infarctus aigu du myocarde et, plus récemment, des avancées significatives dans les dispositifs d'assistance ventriculaire percutanée dont l’ECMO. La gestion du CC demeure un défi majeur. Bien que le traitement pharmacologique soit souvent considéré comme la pierre angulaire de la thérapie du CC, les inotropes et les vasopresseurs sont généralement limités par un déséquilibre entre l'apport et la demande en oxygène myocardique, ainsi que par des dérèglements métaboliques. L’ECMO offre la possibilité d'augmenter le débit cardiaque, entraînant ainsi une amélioration de la perfusion systémique. L’ECMO V-A peut traiter à la fois l'insuffisance ventriculaire gauche et droite. L’ECMO V-A offre ses propres avantages et inconvénients, y compris des problèmes techniques liés à l'insertion, le soutien hémodynamique requis et les complications potentielles. L'arrêt cardiaque extra-hospitalier (OHCA) est associée à une mortalité élevée. Une grande proportion (60-80%) des patients survivant à un OHCA présentent un rythme initial choquable (fibrillation ventriculaire). Cependant, même dans cette population qui est le plus souvent réanimée, la moitié des patients avec un OHCA et une fibrillation ventriculaire présentent une fibrillation ventriculaire réfractaire insensible au traitement standard initial, et ont donc un mauvais pronostic. Parmi les patients nécessitant plus de 40 minutes de réanimation cardiopulmonaire, presque tous décèdent. La majorité des patients (70-85%) présentant un OHCA et une fibrillation ventriculaire réfractaire (définie comme l'échec d'au moins trois chocs pour établir un retour de la circulation spontanée) ont une maladie coronarienne. Cette condition, combinée à une mauvaise perfusion pendant la réanimation cardiopulmonaire, rend la réanimation cardiaque avancée standard prolongée inefficace. Une réanimation précoce facilitée par l’implantation d’une ECMO V-A pour les patients avec OHCA et fibrillation ventriculaire réfractaire a significativement amélioré la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital et l'état fonctionnel par rapport aux patients recevant une réanimation standard. Cette stratégie doit reposer sur une prise en charge multidisciplinaire, protocolisée et coordonnée. Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) regroupe diverses pathologies ayant en commun une perméabilité accrue de la membrane alvéolo-capillaire, un œdème inflammatoire, une augmentation du tissu pulmonaire non aéré et une hypoxémie avec hypercapnie. Le SDRA est responsable d'environ 10% des admissions en unité de soins intensifs et touche 23% des patients ventilés, avec un taux de mortalité allant jusqu'à 45% dans les cas sévères. La classification de Berlin définit le SDRA modéré et sévère en se basant sur le rapport PaO2/FIO2 et la pression positive expiratoire finale (PEEP). Pour les cas sévères de SDRA, l'oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) est recommandée, suivant les critères de l'essai EOLIA, qui incluent des seuils spécifiques de PaO2/FIO2, de pH sanguin et de pression partielle de CO2. L'ECMO est une intervention avancée pour le SDRA sévère, améliorant l'oxygénation et la décarboxylation, tout en permettant au poumon de se reposer et de guérir. L'ECMO réduit le risque de lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique et d'autres complications liées à une ventilation prolongée. La mise en œuvre de l'ECMO dans le SDRA nécessite une expertise multidisciplinaire et une infrastructure spécialisée. Les centres de traitement ECMO doivent être équipés et disposer d'une équipe formée à la gestion de l'ECMO et de ses complications potentielles. Une évaluation rigoureuse et continue des patients est cruciale pour déterminer l'adéquation de l'ECMO et ajuster le traitement en fonction de l'évolution clinique. L'ECMO représente une option thérapeutique prometteuse pour les cas de SDRA sévère, en particulier lorsque les méthodes conventionnelles de ventilation et de soutien pharmacologique sont insuffisantes. Ce DPC, structuré en six modules , vise donc à approfondir les connaissances et compétences des professionnels de santé dans la prise en charge de l’ICR aiguë nécessitant l’utilisation d’une ECMO. Les modules sont les suivants : 1. Techniques d’implantation et d’explantation de l’ECMO – Indications et techniques de décharge ventriculaire 2. Indications de l’ECMO V-A dans le choc cardiogénique et l’arrêt cardiaque, et résultats 3. Monitorage et critères de sevrage de l’ECMO V-A 4. Gestion de l’anticoagulation et des complications chez les patients sous ECMO 5. ECMO dans le SDRA : Indications, critères de sevrage et résultats 6. Équipe Choc – Centre Choc : Prise en charge multidisciplinaire de l’ICR aiguë Les objectifs de cette formation sont multiples : 1- Amélioration des Connaissances et Compétences : · Maîtriser les recommandations actuelles pour l’implantation d’ECMO dans le cadre de l’ICR aiguë. · Connaître les critères de sélection des patients présentant une ICR aiguë devant relever de l’implantation d’une ECMO V-A ou V-V. · Appliquer efficacement les parcours de soins multidisciplinaires dans la prise en charge de l’ICR aiguë. · Identifier et gérer les risques associés aux ECMO et aux parcours de soins des patients présentant une ICR aiguë. · Comprendre les techniques d’implantation de l’ECMO et la gestion des complications associées. · Optimiser le suivi des patients sous ECMO pour faciliter soit le sevrage de l'ECMO, soit l'orientation vers un dispositif d'assistance de longue durée ou une transplantation.. 2- Mise en Place d’Actions d’Amélioration : · Participer activement à une démarche d’équipe multidisciplinaire dans des centres de référence. · Développer des parcours de soins pour l’ICR aiguë incluant l’implantation d'ECMO, conformément aux standards nationaux et internationaux. Ce programme vise donc · à promouvoir les meilleures pratiques, · améliorer la qualité des soins et · réduire les événements indésirables graves dans la prise en charge de l’ICR aiguë.