La psychiatrie nous interpelle, et elle nous pousse à travailler avec soi, ce que l’on est, ce qu’on pense, ce qu’on a vécu, ce qu’on a envie de vivre, ses émotions, sa vie, ses passions. Mais aussi travailler sur soi, ses réactions, ses affects, ses faiblesses, non pour tout contrôler, et donner l’image de celui qui maîtrise mais pour savoir ce que l’on met en jeu lors de chaque relation, pour partager avec l’autre. Lors de toute rencontre, de « mise en relation », un ou plusieurs de nos sens sont mis en éveil. « Le premier outil du soin dont dispose l’infirmier en psychiatrie, c’est sa propre personne. » J.C.Bernard. S’entretenir avec un « autre » est toujours un événement particulier, singulier qui peut se maîtriser, s’apprendre, s’enseigner mais dont une grande partie sera de toute façon soumis à une infinité de variables. Chacun réagit avec ce qu’il est, son passé, son présent, son environnement, ses implications politiques, intellectuelles, religieuses. Membre d’une équipe pluridisciplinaire, l’infirmier lors d’un entretien va se retrouver personnellement en première ligne. Se positionner individuellement face à un patient, c’est oublier « l’abri » du groupe soignant, oublier que parfois on peut s’y cacher. Ce qui fait que l’entretien est une prise de risque mais aussi une expérience enrichissante pour l’un et pour l’autre. Bien plus qu’un simple échange en face à face l’entretien serait aussi la mise en œuvre de liens, liens entre deux personnes, liens dans le discours, liens qui se feront dans l’histoire du patient. Définitions : • L’entretien serait un moment particulier où la parole pourrait réunir des morceaux d’histoire, des expériences diverses. • L’entretien infirmier serait cet échange où un patient confie le récit de son histoire, des évènements, son aventure personnelle qui l’on conduit à l’hôpital. L’infirmier serait là pour rassembler tout ce qu’il va dire, lui faire préciser, lui faire expliquer, et ensuite pouvoir le retranscrire le plus fidèlement possible. C’est l’écriture qui va faire récit et faire naître l’histoire. Il ne peut y avoir d’entretien sans écriture. L’infirmier doit pouvoir repenser ses entretiens, les reparler, ce sera lors des réunions, elles seront l’occasion de décoder, de trier, ce qui a pu interférer dans cette relation au moment de l’entretien. Ne serait exprimé, parfois, en entretien que l’essentiel, tel un trésor, le patient, en confierait que des clefs à l’infirmier, à lui d’en découvrir les serrures pour y accéder. Toutefois « Toute relation est asymétrique, je ne suis jamais à la place d’autrui, il ne saurait être à la mienne » Hennemann.H. Objectifs généraux Acquérir des connaissances sur le développement psychologique de l’être humain. Comprendre l’importance de ces données pour une meilleure gestion de la communication entre soignant et soigné, soignant et soignant, la famille. S’approprier de nouvelles connaissances, méthodes et savoir-faire pour développer les aptitudes nécessaires à l’accompagnement des personnes et de leur famille en utilisant la relation d’aide. Approfondir ses capacités d’écoute, d’observation, s’engager dans un questionnement, une réflexion sur le déroulement des entretiens et son contenu. Cette formation doit construire la nécessité de s’interroger sur soi et sur les interactions dans cette situation relationnelle particulière que sont les entretiens infirmiers. Conduire et programmer des entretiens en psychiatrie, s’approprier la technique, acquérir la capacité à déterminer le type d’entretien adapté au patient et à son projet. Définir la place de l’entretien dans une prise en charge globale. Se positionner par rapport à l’équipe pluridisciplinaire.