Les perturbateurs endocriniens (PE) regroupent une vaste famille de produits chimiques capables d’interagir avec le système hormonal et notamment avec les fonctions reproductrices, la croissance, le développement ainsi qu’avec notre métabolisme et le système nerveux. Ces produits ont pour la plupart comme origine le développement de la chimie organique et minérale de synthèse qui a pris son essor depuis la toute fin du 19ème siècle. Ce sont des « xénobiotiques » c’est-à-dire des produits étrangers (xéno) à la vie (bios). Les PE sont parfois d’origine naturelle comme les phytohormones par exemple. Les préoccupations médicales liées aux perturbateurs endocriniens ont émergé au début des années 2000, c’est pour cette raison que le corps médical n’y est pas formé. L'augmentation des pathologies ALD en 15 ans, de l'obésité, des troubles de la reproduction et du développement ne peut uniquement être expliquée par les facteurs génétiques, le vieillissement de la population, ou un meilleur dépistage....
Leur étude représente donc un enjeu majeur pour la recherche, le corps médical et les pouvoirs publics car les sources d’exposition (exposome) sont nombreuses, difficiles à maîtriser, tandis que les conséquences biologiques et médicales sont encore mal appréhendées et complexes à étudier. En effet, les dangers des PE nous concernent tous, tant ces produits se trouvent partout, dans tous nos lieux de vie, maison, travail, extérieurs ainsi que dans tous les milieux, air, eau, sols… Ainsi, les produits de consommation courante (aliments, eau, produits de nettoyage, cosmétiques…) sont des pourvoyeurs de PE. Nous sommes face à une pollution environnementale de première importance.
Cependant, l'aspect professionnel ne doit pas être négligé. Les salariés sont en effet susceptibles d'être exposés à des PE plus fréquemment et à des doses plus importantes en fonction de leur travail. Ces expositions peuvent être liées à l'utilisation de certaines matières premières (plastifiants, solvants, ...), à la fabrication ou l'utilisation de produits contenant des PE (peintures, colles, vernis...) ou encore à la présence de déchets ou de sous-produits émis par certains procédés (dioxines, PCB, métaux lourds...).
Par ailleurs, les PE ont des caractéristiques chimiques particulières qui font que la toxicologie classique n’est plus apte à les appréhender et à permettre de définir des Doses Journalières Admissibles (DJA) apte à protéger la population et les écosystèmes dont nous dépendons. En effet, avec les perturbateurs endocriniens, la dose ne fait pas le poison, vieux principe qui date du moyen âge et qui nous vient de Paracelse. Les PE ont la possibilité d’être dangereux à de très faibles doses et aussi à des périodes particulières de la vie, en particulier pendant l’embryogénèse. D’autre part, ils peuvent agir de génération en génération, sans modification génétique, sans que les générations successives aient été mises en contact avec le produit. C’est ce que l’on appelle « l’épigénétique ».
Il convient de mettre en place une réelle démarche de prévention visant à supprimer ou à diminuer les risques encourus par la population. Le corps médical dans son ensemble doit être apte à répondre aux questions des patients et à les mettre en garde afin qu’ils puissent se protéger au mieux . Cela nécessite une formation précise et répétée, car les connaissances des impacts des PE sur la santé ne cessent de se développer et d’augmenter.
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/perturbateurs-endocriniens
http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-d-action-nationaux/article/le-plan-national-sante-environnement-pnse3-2015-2019
http://www.developpement-durable. gouv.fr/IMG/pdf/13-2.pdf
https://www.anses.fr/fr/content/les-perturbateurs-endocriniens
www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programme-sur-perturbateurs-endocriniens
http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/article/perturbateurs-endocriniens
https://www.senat.fr/rap/r16-293/r16-2931.pdf
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000689.pdf
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2013/hormone_disrupting_20130219/fr/
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
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Objectifs généraux :
Une formation sur les liens entre environnement et santé doit obligatoirement commencer par une mise à niveau concernant tout d’abord :
- des définitions comme la « santé », la « santé environnementale », de l’environnement,
- un état des lieux des pathologies environnementales ainsi que de la morbidité et de la mortalité actuelle en France et dans le monde
- et des notions de base de l’écologie scientifique.
Cela est indispensable de savoir pourquoi et comment nous sommes atteints. Cela est indispensable pour agir en éducation pour la santé et tenter d’obtenir certaines modifications de comportements ou de consommations de nos patients comme d’ailleurs de nous-même.
Définir ce qu’est un perturbateur endocrinien (PE),
Lister les différentes familles,
Réfléchir sur quelques PE emblématiques comme le Distilbène* ou le Bisphénol A,
Repérer les populations à risques professionnels accrus,
Agir, autant que faire se peut, en prévention primaire.
- Objectifs spécifiques :
1- Connaître et expliquer les mécanismes d’atteinte systémique
2- Comprendre la toxicologie des PE. La dose ne fait pas le poison…
3- Aborder des notions nouvelles comme l’épigénétique : Transmission de caractères de génération en génération sans modification du patrimoine génétique.
4- Améliorer la place et le rôle des médecins (toutes spécialités confondues) dans l’évaluation du risque des PE, et dans l’éducation pour la santé.