Le soin concerne « toute pratique tendant à soulager un être vivant de ses besoins matériels ou de ses souffrances vitales, et cela, par égard pour cet être même. » [Worms F., « Les deux conceptions du soin » Esprit, p. 143]. La pertinence de cette formation repose sur la nécessité pour tout médecin de disposer d’une démarche clinique qui valorise sa pratique soignante en augmentant ses capacités de prise en charge globale. L’Approche Centrée sur le Patient (ACP) fournit une démarche clinique éclectique et pragmatique qui intègre à la fois les perspectives (« agendas ») du médecin (démarche biomédicale, raisonnement clinique, diagnostic, thérapeutique) et du patient (expérience et vécu de la maladie) mais aussi « l’agenda caché » du patient. Cette démarche vise à dépasser la simple dimension biomédicale qui ne permet pas d’expliquer et traiter la complexité des situations cliniques rencontrées en soins premiers. Elle permet de valoriser les 3 dimensions soignantes du médecin : guérir la maladie (to cure) prendre soin et attention (to care) et soulager la personne (to heal). Le « prendre soin » (« épiméleia ») doit accompagner le soin (therapeia) qui est plus du côté du savoir et du savoir-faire. Elle favorise un travail réflexif qui permet au médecin d’avoir une meilleure connaissance de soi et de prendre une distance thérapeutique tout en mieux communiquant avec le patient et en étant empathique. Elle peut être préventive de l’épuisement professionnel. Elle correspond à la fois à une exigence éthique qui est à la base de la démarche médicale depuis Hippocrate mais aussi juridique et médicolégale (consentement éclairé, décision partagée). Elle accroit les possibilités thérapeutiques non médicamenteuses dans la relation au patient. L’ACP comporte 4 composantes (1,

2- 1. Explorer la maladie, (disease) la santé et l’expérience de la maladie vécue par le patient (illness) à travers sa représentation de la maladie, son modèle explicatif, ses préoccupations, ses attentes et ses préférences. 2. Comprendre la personne dans sa globalité biopsychosociale, la dimension contextuelle (histoire actuelle et événements de vie passés, l’interaction avec environnement, la dimension systémique et culturelle). 3. Trouver un terrain d’entente avec le patient sur le problème, les solutions et le partage des responsabilités et des décisions (

3-. 4. Développer une relation thérapeutique médecin-patient délibérative pour construire une alliance thérapeutique. Faire preuve de réalisme et de réflexivité sur la relation transférentielle, s’adapter à chaque situation, tenir compte des limites et contraintes de chacun (gestion du temps) (

4-. Elle utilise un mode de communication et des techniques d’entretien flexibles (écoute active, question ouvertes …). Ce modèle d’entrevue et de rencontre est bien adapté en premier recours et soins premiers (

5-. Il est susceptible d’accueillir et d’organiser de manière cohérente tous les facteurs non spécifiques contribuant à l’effet thérapeutique (

6-. Les bases conceptuelles sont reconnues sur le plan international et font l’objet de travaux de recherche de plus en plus nombreux. Une recherche documentaire dans PubMed utilisant le mot clé « patient centered care » recueille plus de 19000 citations d’articles indexés (

7-. Ce concept repose sur la rencontre entre les travaux de M Balint (psychanalyse) (

8-, C Rogers (psychologie humaniste) (

9-, les apports des thérapies cognitivo- comportementales (1

0- et les auteurs canadiens (1-. Elle nécessite l’acquisition d’outils de la conduite d’entretien et de la communication (11,12,1

3- : L’écoute active (poser des questions ouvertes, reformuler, résumer, recentrer, recadrer, renforcer, réassurer, conseiller…) Les attitudes positives à adopter (empathie, congruence, respect inconditionnel…), les attitudes négatives à éviter (préjugées, jugement de valeur, disqualification…). Cette approche globale centrée sur le patient s’intègre très bien dans la compétence du clinicien (cognitive, gestuelle, communicative) à l’ère de la médecine fondée sur les preuves (EBM) (1

4-. Cette compétence doit englober la connaissance des données Actuelles de la Science, le raisonnement clinique biomédical et l’écoute compréhensive du contexte psychosocial et des perspectives du patient (Préférences, attentes, représentations…). Elle permet d’optimiser « l’effet médecin » et donc l’efficacité thérapeutique en articulant approche objective et subjective (1

5-. Figure 1. Approche globale centrée patient Une revue de la littérature récente a montré l’effet positif du processus de partage de la décision en termes de satisfaction du patient, d’adhésion au traitement, d’amélioration de la qualité de vie, de diminution des prescriptions d’antibiothérapies inappropriées dans les infections respiratoires hautes et de l’efficacité des traitements psychiatriques (1

6-. De plus, l’empathie a montré son efficacité sur l’amélioration de la satisfaction, de l’observance et de la responsabilisation du patient. Elle optimise la probabilité de réussite thérapeutique chez les patients souffrant de rhino-pharyngites aigues et de migraines. Son efficacité est reconnue lors des psychothérapies dans le cadre du traitement de troubles anxiodépressifs (1

7-. L’ACP est enfin intégrée au centre du modèle pédagogique de la marguerite des compétences du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) (1

8-.