La possibilité de visualiser simultanément les circulations rétiniennes et choroïdiennes sans l’injection d’aucun produit de contraste ressemblait hier à un véritable rêve pour les rétinologues. L’OCT-Angiographie s’impose aujourd’hui comme une évidence. Cette méthode totalement inoffensive peut être répétée autant que nécessaire chez tous les patients. De nombreuses pathologies menaçant la vision centrale s’accompagnent d’un développement de vaisseaux anormaux ou d’un œdème intra rétinien ou d’une insuffisance circulatoire. L’acquisition rapide d’images fiables permettant de porter un diagnostic certain présente désormais des avantages considérables sur l’imagerie traditionnelle. Qu’est-ce que l’OCT-Angiographie ? Elle repose sur la technique d’OCT en face qui permet une reconstitution dans un plan horizontal de nombreuses coupes réalisées dans un plan vertical. Son principe est, schématiquement, de ne mettre en évidence que les modifications survenues entre un temps t1 et un temps t2, c’est-à-dire ne mettre en évidence que les mouvements circulatoires tout en supprimant tous les éléments fixes de l’image. Il apparaît d’emblée que ce n’est pas la paroi des vaisseaux que nous visualisons mais bien le flux qui circule à l’intérieur. Cette technique comprend donc des limites. Par exemple, un flux trop rapide ou au contraire trop lent pourra ne pas être détecté par l’appareil, en fonction de la fenêtre d’analyse temporelle générée par le logiciel utilisé. De même, les éléments classiques de la sémiologie angiographique traditionnelle comme l’imprégnation ou l’accumulation du colorant dans un espace clos, staining ou pooling, vont disparaitre. La diffusion angiographique (leakage) à laquelle nous accordions tant d’importance est également absente des images d’OCT-Angiographie. Nous n’en sommes qu’aux débuts de l’OCT-Angiographie et d’autres limites actuelles de la machine pourront probablement être dépassées dans le futur. C’est le cas du champ d’analyse limité. D’ores et déjà, l’analyse 6x6 millimètres est venue compléter l’analyse 3x3 millimètres. Des images 12x12 seront bientôt disponibles permettant d’élargir le champ d’analyse. On peut donc concevoir dans un futur proche un appareil susceptible de réaliser un montage automatique du pôle postérieur et de la moyenne périphérie qui lui est adjacente. D’autres limites de la méthode viennent de l’existence d’artéfacts, liés aux mouvements oculaires (déjà nettement diminués par rapport aux premières versions disponibles), liés à la superposition d’images venant de plans différents (artéfacts de projection, ici encore en cours de disparition grâce aux progrès des logiciels). D’autres artéfacts sont quant à eux liés aux propriétés intrinsèques de l’œil ou à la pathologie oculaire. C’est le cas de l’existence de troubles des milieux sévères ou d’opacités intra vitréennes qui vont atténuer le signal quel que soit l’appareil utilisé. Des éléments très réflectifs du fond d’œil peuvent également présenter suffisamment de décorrélation entre un instant t1 et un instant t2 pour provoquer l’apparition de faux positifs. Un apprentissage est donc nécessaire pour analyser les images obtenues, même si leur acquisition est de plus en plus aisée avec les nouvelles versions des machines et logiciels. La place de l’OCT-Angiographie dans la surveillance des thérapeutiques actuellement disponibles en pathologie rétinienne sera également affinée dans le futur.